Mon édito sur Ruppert Murdoch dans “News of Marseille“

110719 rupert murdoch

Un journal qui meurt, c’est comme un arbre qu’on abat : on respire moins bien. Mais il y a des arbres malades qui ont le tronc tellement pourri qu’ils empêchent les autres de prendre racine et de développer leurs branches.
Habituellement, un journal qui ferme me rend triste car c’est un peu de liberté d’expression en moins mais cette semaine, j’ai débouché le champagne (enfin une bouteille de Pouilly-Fuissé, je préfère les Macônnais blancs) pour célébrer la fermeture de News Of The World. Et j’ai recommandé une caisse de Pouilly car l’empire de Rupert Murdoch est en train de vaciller dangereusement et j’attends sa chute définitive un verre dans une main, les confettis dans l’autre.
Je déteste cordialement cet homme qui a bâti son empire sur la rumeur, le trash, l’info de caniveau en exploitant les plus bas instincts de l’Humanité. Exactement l’inverse de la feuille de route que m’a fixée Alexandre Guérini, l’actionnaire de News Of Marseille, quand il m’a confié les clefs de ce journal. “Parle de tout ce que tu veux, tu as une totale liberté et je ne viendrai jamais m’immiscer dans le contenu éditorial mais fais-le dignement, proprement. Sans attaque personnelle“ m’avait-il demandé puis il a ajouté “bon allez il faut que je te laisse, je suis convoqué chez le juge Duchaine qui veut m’inculper de trafic d’influence sur le marché des machines à café du Conseil Général“. Après 26 numéros, je peux dire que lui et moi avons respecté les termes de notre accord.
Il y a 20 ans, Rupert Murdoch était d’une arrogance féroce, alors au firmament de son ascension fulgurante : TV, presse, Internet (il n’y croyait guère avant de se rendre compte de son erreur) rien ne lui résistait et il contaminait lentement mais sûrement les consciences de ses “clients“. Pro-Bush, pro-guerre en Irak (une guerre fait vendre du papier), il avait mis tout son empire de presse au service des faucons américains (on se souvient de la couverture honteuse et partiale de Fox News sur le refus de Jacques Chirac de participer à cette croisade). L’homme d’origine australienne avait même songé à lancer un quotidien trash en France mais l’hostilité de mes compatriotes pour ce type de presse l’avait fait reculer. “Attendons un peu, ils ne sont pas prêts…“ se disait l’oiseau de mauvais augure en remballant ses pages criardes remplies d’infos nauséabondes.
Le scandale des écoutes téléphoniques aura eu raison de lui : News Of The World ferme, le rachat de BSkyB (un gros réseau de télévision outre-Manche détenteur notamment des droits du foot anglais) que le magnat convoitait lui échappe, le Times et le Sun voient leurs ventes chuter (ils font partie du groupe News Corp) et une commission d’enquête va s’ouvrir aux USA car Murdoch y est soupçonné d’avoir corrompu des policiers et même organisé des cambriolages pour obtenir des informations (notamment des victimes du 11 septembre) ! Triste fin pour le vieux monsieur qui se targuait de “FAIRE l’info dans le monde“ mais heureux dénouement que de constater qu’il y a une justice. On ne construit rien de solide sur un tas d’ordures.
Il disait “le monde change à une vitesse folle. Le fort ne battra plus le faible. Dorénavant ce sera le rapide qui battra le lent“. Il a oublié qu’à vouloir aller trop vite, on risque la désintégration, surtout quand on dirige un journal et qu’on doit vérifier une information avant de la diffuser.
Même le cinéma avait récupéré le personnage de Rupert Murdoch en le transformant en ennemi de James Bond dans le film “Demain ne meurt jamais“. Le scénario contait l’histoire d’un magnat de la presse, John Carver, qui montait entre eux 2 pays et les poussait, par la désinformation et la manipulation, à la guerre pour augmenter les tirages…
La réalité n’est pas très loin du film et Rupert Murdoch a beau s’excuser publiquement pour tout le mal qu’il a fait à la presse, à la vérité, mais aussi et surtout à toutes ses victimes bafouées et violées dans leur intimité, le peuple n’est pas prêt à lui pardonner.
La bonne nouvelle est que la presse est débarrassée d’une sale maladie. Il reste à espérer que les lecteurs (ne les oublions pas) qui chaque semaine étaient des milliers à acheter ce type de journaux, auront compris que l’on ne peut pas tout tolérer au nom de l’information.
Il y aura toujours un James Bond pour tordre le cou des méchants.

1 Response
  1. haight harvey

    les victimes bafouées et violées dans leur intimité ne l’ont pas été par Rupert Murdoch mais par les gens qu’il employait.
    Pour les journalistes de Murdoch la fin justifiait les moyens et c’est Rupert qui en percevait les bénéfices.
    la politique à Marseille fonctionne de la mème maniére,exactement comme les extrémistes islamistes qui veulent nous imposer la charriat.
    c’est un mode de fonctionnement qui existe depuis des siecles..
    le peuple ne pardonne pas!!! le peuple oublie !!! des journaux « trash » il y en a en France et depuis longtemps. et des chefs d’entreprises « boarderline » aussi.
    et alors !!!!!!!!!!!!

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