J’ai survécu à Disneyland Paris !

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Vendredi 9 mai 2008, je suis allé à Disneyland Paris accompagné de 4 enfants de 4 à 8 ans ainsi que d’une adulte de 30 ans et j’aurais aimé qu’on en parle. Or, après avoir acheté Le Figaro, Le Monde, Libération et même l’Humanité, je n’ai rien lu là-dessus. J’ai bouffé du LCI et du iTélé en boucle : pas une image, nib, peau de zob ! Que font les journalistes ? Ah ça ! Pour commenter le premier anniversaire de l’élection de Sarkozy, il y a du monde ! Mais quand il y a un vrai sujet à traiter avec de l’émotion, de l’angoisse, du drame et des larmes, y’a plus personne !
Comment vous décrire ce que j’ai vécu dans ce gigantesque parc à thème (ça s’appelle comme ça) ? Comment vous raconter ? Quel verbe choisir pour exprimer parfaitement les souffrances vécues ? Je cherche une formule explicite pour ne pas avoir à aller plus loin dans le descriptif… Même Marcel Proust, qui était capable, je vous le rappelle, d’écrire 4 chapitres pour expliquer comment un de ses personnages faisait pour ouvrir une porte, aurait séché là-dessus. Il aurait été sans voix le Cel. Il aurait chialé comme une madeleine (les plus érudits d’entre vous comprendront ce jeu de mots d’une finesse exquise). A y réfléchir, il y a une expression -vulgaire au demeurant- pour décrire cette journée du 9 mai : “j’en ai chié“. Voilà. L’expression est lâchée et elle n’est pas à prendre au sens littéral du terme, même si j’ai visité l’ensemble des toilettes du parc afin de soulager les intestins et les vessies des 4 enfants qui m’accompagnaient. Je souhaiterais demander au gouvernement que ce jour soit désormais chômé. De toutes les façons, on ne peut pas bosser au mois de Mai alors, un jour férié de plus ou de moins n’y changera pas grand chose.
Je pensais, naïvement, que le vendredi 9 était un bon choix pour visiter le premier monument d’Europe en terme de visiteurs. En effet, tout le monde ne ferait pas le pont pensais-je et donc, je n’aurais pas à craindre une trop grande fréquentation. Faux. A l’ouverture, première attraction, il y avait 80 minutes d’attente. Les portes s’ouvrant à 10h00, comment se fait-il qu’à 10h10 (après un premier passage aux toilettes), il y avait déjà 80 minutes d’attente à la nouvelle attraction vedette du parc Disney Studio ? Comment pouvez-vous expliquer cela ? A part imaginer des kenyans qui auraient sprinté dès l’ouverture des portes, ou bien un groupe d’allemands aéroporté qui aurait sauté en parachutes au dessus de l’attraction, je ne vois pas. Bref, on attend (c’est ce qu’il y a de mieux à faire à Disneyland), bercé par les : “papa, c’est quand que ça commence ?“ et les “c’est encore long ?“. On se découvre des talents de conteurs et de magiciens pour faire patienter son troupeau de têtes blondes. On discute avec ses voisins d’infortune ; on travaille ses accents étrangers et on joue au jeu du “Qui pue ?“. Ce jeu (dont je tiens les règles, forts simples, à disposition) consiste à chercher d’où viennent les odeurs de transpiration ou de pieds (si vous jouez l’été) : le gros avec le tatouage et le tee-shirt “I love Paris“ ou bien les deux jumelles que vous apercevez de dos habillées de façon identique ? Quand elles se retournent, vous comprenez que ce ne sont pas des jumelles mais une seule et même personne parlant avec un fort accent américain. Elle tient dans ses mains manucurés bi-couleurs, un “en cas“ pour tenir jusqu’à l’heure du déjeuner. Avec cet en cas, vous pourriez nourrir un village soudanais pendant 1 mois mais là, il s’agit juste de faire la jointure entre le petit déjeuner et le déjeuner.
L’attraction pour lequel nous avons attendu aussi longtemps consistait à nous enfermer dans un ascenseur et à le faire chuter d’une hauteur vertigineuse, plaçant les pauvres fous que nous sommes en état d’apesanteur. C’est un peu comme les ascenseurs défectueux des cités sauf que nous, on a attendu 80 minutes et qu’on avait une ceinture de sécurité. J’ai connu un grand moment de solitude en haut de cette tour infernale à me demander ce que je foutais là, moi qui ai le vertige en haut d’un escabeau. C’est con à dire mais j’ai dû me raisonner une fraction de seconde pour ne pas demander à descendre. Je ne l’ai pas fait car je me serais tapé la honte devant des mioches hilares et j’aurais perdu à tout jamais la crédibilité et l’autorité que j’ai mis des années à acquérir aux forceps.
Nous n’avons pas fait beaucoup d’attractions mais beaucoup de queues. En fait, c’est la queue qui est la mieux organisée chez Disneyland. Tout est étudié pour vous plonger dans l’espoir que l’attente ne durera pas longtemps. On vous fait serpenter dans des labyrinthes de chaînes et de cordes pour ne pas vous faire prendre conscience que vous allez en chier. Vous commencez la queue sous le soleil, puis vient le moment où vous atteignez une zone d’ombre formée par des éléments du décor “Disney“.
Vous vous dites une première fois : “ouf, on approche“. Vous pénétrez ensuite dans le bâtiment où l’attraction se tient et vous vous dites : “alors, là, on doit pas être loin !“. Faux. Cet enculé (excusez mais c’est le seul mot qui me vient à l’esprit, le soulageant par là même) de Disney est un vicieux, une ordure. A la manière des policiers chinois interrogeant un bonze tibétain, le père Disney cherche à mesurer jusqu’où vous êtes prêt à aller pour passer 3 minutes dans une attraction dont le seul bénéfice que vous retirerez sera d’être resté assis afin de vous reposer le dos et retrouver ainsi, le courage d’attaquer la prochaine queue. Tout est fait exprès. Je pense que Disneyland est un vaste laboratoire où nous sommes observés par d’anciens médecins nazis qui testent nos capacités de résistance à travers des caméras videos disposées un peu partout. Mais bon, ceci n’est qu’hypothèse…
Je reprends le cours de mon récit : vous pensez être arrivé parce que vous êtes dans le bâtiment mais non ! Il y a encore des serpentins de partout. Vous montez docilement des escaliers puis vous les redescendez, un peu à la manière de cochons d’Inde dans une cage. Comme pour le rongeur indou, on a disposé des points d’eau sur le parcours afin de vous faire tenir. Il ne manque plus que les graines de millet et des copeaux de bois sur le sol mais je suis certain que ça viendra un jour. Durant ce parcours, vous recroisez 20 fois les mêmes personnes, vous reniflez 20 fois leurs aisselles humides. Collés les uns aux autres dans une moiteur où les remugles de toute l’Europe s’unissent en un enivrant flacon, vous expérimentez votre endurance au mal.
Lorsqu’enfin, vous arrivez sur la plate-forme de départ, vous mesurez le chemin parcouru (au sens propre comme au sens figuré) et vous toisez alors vos compagnons d’infortune coincés dans la queue. Vous les regardez avec un petit sourire moqueur et narquois. A ce moment précis, vous éprouvez un sentiment de supériorité détestable, car bâti sur nos plus bas instincts : “j’en ai chié pour en arriver là alors, à votre tour, bande de minables !“. On entre dans une autre dimension. On comprend pourquoi certains comédiens et comédiennes deviennent infectes et suffisants avec le succès. On expérimente ce qu’un homme politique peut éprouver quand il accède au pouvoir suprême. On intègre mieux pourquoi Sarkozy est allé au Fouquet’s le soir de son élection et pourquoi il a passé ses premières vacances sur le yacht de luxe de Bolloré. Lui aussi en a chié pour arriver là où il est et je pense même qu’il a dû passer des heures dans les queues de Disneyland. D’ailleurs, devinez où il a fait étalage de sa liaison avec Carla ?… Si c’est pas un signe ça !

7 Responses
  1. Je te plains beaucoup Jeff. Moi, je suis allé à OK Coral, du côté de Cuges les Pins et c’était beaucoup plus cool. En fait, c’était même fermé, car le week end d’avant, une petite voiture de l’attraction principale s’était décrochée pour aller s’écraser contre un pin parasol plus de 80 m en dehors de l’enceinte du parc. Ses occupant avaient tous été tués sur le coup. Trois personnes âgées et un pinsher nain (tous des représentants de la communauté Rom, sauf le chien). J’ai laissé ma grand mère dans mon véhicule, toutes portes fermées et toutes vitres montées, bien garé sur l’immense parking vide, généreusement arrosé par un soleil de plomb qui rappelait celui du désert d’Arizona (enfin je crois, car je n’ai jamais foutu les pieds en Arizona), et suis allé discuter avec une charmante créature qui se tenait au bord de la route, dans une tenue des plus suggestives, et qui regardait avec insistance les rares voitures qui passaient de temps à autre sur la nationale. Après avoir discuté un peu les tarifs, j’ai eu, pour 15 euros, droit à un tour de manège, qui m’a laissé pantelant. Puis, le cœur léger, j’ai regagné mon véhicule, me suis débarrassé du cadavre de Mémé dans quelque buisson et suis rentré chez moi en sifflotant de bonheur. Alors tu vois, Disney, peut aller se rhabiller car Mickey est un imposteur, il y a un comédien dans le costume.

  2. vincent

    fabuleux commentaire qu’est celui de « j’ai survécu… ». C’est à 100% tout identique. je commence a me demander si c’est une bonne affaire ou une véritable arnaque.

  3. Franck

    Pour ma part, je ne suis pas d’accord, car il suffit simplement de bien étudier la période ou tu souhaites aller voir « mickey » et tout se passe sans encombre….la preuve enest, j’ysuis allé il y a deux semaines et j’avais pas plus de minutes d’attente par attraction, en plus le soleil était de la partie…..
    C’est pour ma part, la 3 eme fois que j’y allais et n’ai jamais vude tels queues.
    Bon courrage pour la prochaine fois.

  4. gaelle

    J’en reviens aujourd’hui même avec une nuit passée au newport bay, et pour moi, c’est une arnaque. Je suis tout à fait d’accord avec ton commentaire. Mes enfants 6 et 8 ans ont été déçus par ses attentes interminables (périph, autoroute, entrée avec ticket en poche aussi !) pour 60 secondes de plaisir et encore, je trouve que certaines attractions ne cassent pas des briques ! Du coup, on est parti le second jour à 12h30.
    Le seul moment agréable, c’est le matin de 8 à 9 h : la première heure (des 2 happy hours offerts pour les personnes des hôtels). Nous avons fait 4 attractions en 30 minutes :o)

  5. jeff

    A part faire comme Michael Jackson et louer le parc pour moi tout seul, je n’y mettrai plus les pieds jusqu’à ce que mes enfants me les cassent à nouveau pour y retourner.

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