Ces objets qu'on sait pas comment qu'y s'appellent

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L’autre jour, je souhaitais effectuer une commande sur le site internet d’une papeterie en ligne. Je choisis le site de Lyreco vu que je suis fidèle aux gens qui me font ou m’ont fait travailler, et je ne fus pas déçu : en effet, je découvris un portail très bien fait, accueillant, ergonomique, fort bien achalandé et je me suis dit, à tort, que j’allais prestement trouver mon bonheur.
Je cliquai sur le petit rectangle blanc jouxtant une loupe, censé satisfaire la moindre de mes requêtes. Une version moderne du génie qui peuple certaines lampes à huile dans les contes pour enfants. Malheureusement, pour que le petit rectangle blanc crache ses réponses, il faut le nourrir avec des questions à poser. Or, je fus alors confronté à une situation vierge de toute expérience personnelle : comment s’appelle l’objet que je recherche ? Je vous l’ai mis en photo pour illustrer ce brillant article et je vous mets au défi de m’en donner le nom.
Comment expliquer à mon petit rectangle blanc que je cherche “ça“. J’aimerais lui expliquer, lui faire un dessin, exécuter un mime pour qu’il comprenne l’objet de ma recherche, mon Graal à moi, mais mon rectangle blanc reste inflexible. Aussi sourd et aveugle qu’un policier municipal à qui on tente d’expliquer que l’on s’est garé en double file pour acheter une baguette de pain. Je tente alors le tout pour le tout et j’écris : “carton rigide pour pincer des feuilles A4 dedans“. On peut rêver. “Aucune réponse trouvée“ me balance aussi sec le quadrilatère immaculé. En une fraction de seconde, il m’envoie au sol comme le ferait le champion du monde de Full Contact opposé au champion de monde de Curling. Son “aucune réponse trouvée“, fleurait le mépris et ressemblait à quelque chose du style : “si tu ne sais pas ce que tu cherches, évite de me faire perdre du temps, j’ai pas que ça à faire, connard ! Tu sais le nombre de milliers de questions qu’on est en train de me poser en ce moment même ? Bon alors dégage et reviens quand tu sauras ce que tu cherches.“ C’est le sentiment que sa réponse, sèche et laconique, m’a laissé.
Je cédais à la dipsomanie en allant me servir un verre de vin rosé, espérant ainsi éclaircir mes idées. Alors que je fixais le curseur de ma souris clignoter dans le rectangle blanc, je me torturais le cerveau afin de trouver comment pouvait-on nommer ce produit dans la nomenclature de la papeterie française. Bloc ? Bloc à pince ? Pochette à pince ? Je me persuadais qu’il devait bien s’agir d’un “truc“ à pince mais comment l’expliquer de manière claire et intelligible à mon rectangle blanc ?
J’éprouvais à cet instant précis un profond moment de déréliction et je commençais à me demander si je n’aurais pas plus vite fait de fabriquer moi-même cet “objet qu’on sait pas comment qui s’appelle“. Avant d’en venir aux mains, je décidais d’appeler ma mère au téléphone. Maman est une sorte de rectangle blanc “vivant“ capable de trouver toute sorte de réponse à la manière d’une encyclopédie. A la différence du polygone de mon site, ma mère accepte les mimes, les descriptions orales hasardeuses ponctuées de “tu sais là… le truc rigide en carton, avec la pince en haut pour tenir des feuilles !? Hein ? Tu sais, hein ? Tu sais ?????“. Maman, qui ressemble plus à une boule qu’à un rectangle, géométriquement parlant, me répondit tout de suite “ah oui ! Le truc rigide qui tient des feuilles ?“. Mon cœur battait à s’en faire péter les ventricules. “Je vois bien ce que tu veux dire mais alors… comment ça s’appelle : aucune idée.“ Ça sentait le parricide à plein nez mais je réussis à contrôler ma déception et je remerciais malgré tout celle qui m’avait élevé confortablement après m’avoir donné la vie dans une maternité publique de la région parisienne. Ma mère ne connaissait pas la nomenclature en vigueur chez les papetiers et je ne pouvais lui en tenir rigueur. Retour à la case départ sans passer par la banque.
Je laissais passer un nycthémère (qui n’a rien à voir avec maman) et m’attelais dès le lendemain à trouver la réponse que mon rectangle de recherche s’obstinait à me demander. Après force tâtonnements, j’ai enfin découvert ce que je cherchais !
Vous savez comment cela s’appelle ? “Une plaque PVC porte bloc à pince A4“. Bien sûr, j’aurais du y penser…
Finalement je n’ai pas eu à le commander. J’ai retrouvé le mien dans une commode. Il avait glissé sous le… le truc, là, vous voyez de quoi je parle ?

20 Responses
  1. lolobuz

    vous nous avez habitué a mieux . si vous saviez tous les blog insipides qui existent c’est dur d’en trouver un qui releve le niveau moi je compte sur vous! j’en peu plus de ces desperate housewives qui s’extasient sur leurs gosses , le bracelet qu’elles ont fabriqué en corde ou sur leur cake dans l’espoir de se faire remarquer ou je ne sais quoi

  2. lolobuz

    mais je vous rassure mon temps n’est pas plus precieux que celui des desperates oisives puisque je les lit 🙂

  3. Tim

    Cool ! J’ai appris plusieurs mots lol
    Je ne connaissais pas « Nycthémère », « Achalander », « Dipsomanie », « Déréliction », et bien sûr le nom du truc en question :’)
    Néanmoins je suis d’accord avec (?) sur le fait qu’il est dur d’entrer dans l’histoire et de se visualiser aisément la scène, il y a une sorte de gros décalage entre le caractère du personnage et la façon dont il parle…
    C’est dommage, c’est ça qui provoque un sentiment de malaise quand on lit car on reste « à l’écart ».
    Pour rendre cet accès plus facile je conseillerais d’utiliser un vocabulaire plus « vulgarisé » et de ne pas trop « rallonger les phrases » (je pense notamment au dernier paragraphe lorsque le perso dit qu’il remercie sa mère qui… blablabla).
    Il y a des morceaux de phrase comme celui-ci à retirer mais dans l’ensemble c’est vraiment bien écrit ^_^
    Bravo !

  4. Tim

    Sinon le « truc qui pince les feuilles » se nomme « pince à dessin clip ».
    Et ce qu’on appelle communément « trombone » (vous savez les « trucs » de toutes les couleurs qui permettent de tenir quelques feuilles là… XD ) est en fait un « Attache-lettres ».
    Et la plaque sur laquelle reposent les feuilles s’appelle « Porte-bloc » tout simplement.
    (Et au passage « Plaque PVC […] A4 » peut se résumer à Porte-bloc à pince, c’est plus facile à retenir 😉 )

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