La solitude, la vraie

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Après l’article de vendredi sur le drame de la solitude vécu par mes amies, j’ai eu un peu peur d’avoir plombé l’ambiance et d’avoir été un peu sombre par les mots et le ton employés et puis… non. J’ai reçu un tas de mails me remerciant pour avoir su mettre des mots sur leurs peines et faire raisonnance à leur malaise. L’une d’elle m’a même écrit qu’elle avait lu mon billet plusieurs fois et que cela avait agi comme un baume sur son âme abîmée. Je vais bientôt demander à l’Agence du médicament de m’accorder une mise sur le marché et peut être qu’un jour, je serai remboursé par l’Assurance Maladie ?
Étrangement, j’ai même reçu des mails de jeunes femmes que je ne connaissais pas mais qui, visiblement, traversent ce genre d’épreuves. Moi, en avocat de la cause féminine, on aura tout vu ! Je me sens aussi imposteur que peut l’être l’église grecque quand elle parle de pauvreté mais je reçois néanmoins cette charge avec tous les honneurs qui lui sont dus.
Aujourd’hui aussi j’ai vu des gens seuls mais eux le sont vraiment. Je n’ai nullement envie de rendre la morale et de donner des leçons à qui que ce soit car lorsqu’on se sent seul, peu importe si cela est le cas ou non. Il n’y a pas de hiérarchie à définir et de classement des souffrances à opérer dans un top 50 qui serait un peu lugubre mais j’ai vu aujourd’hui des gens terriblement seuls. Ils sont âgés, n’ont pas de famille et s’apprêtent à réveillonner une fois de plus, seuls chez eux.
Malades, une existence entrée dans le rouge depuis un moment, ils regardent la vie passer à la télévision ; généralement un vieux poste dont le volume est poussé à son maximum dans une pièce unique où s’entassent tous les objets du quotidien. Il y a bien longtemps que les autres pièces de leurs pauvres habitations sont condamnées et que leur univers se réduit à ces quelques mètres carrés décatis. Une chaise à bascule, un clic clac déplié, une table et quelques chaises en bois disposées devant la télé qui brûle toute la journée les derniers neurones qu’ils leur restent.
René me demande de regarder s’il pourrait avoir accès à la Cmu mais pour 99 € de trop, je lui annonce que cela ne sera pas possible. « Tant pis, je me passerai de mutuelle » me répond-il en saisissant la bouteille de Kiravi en plastique pour se servir une lampée de mauvais vin. « Vous en voulez une goutte ? » me propose-t-il poliment mais je décline l’invitation à m’alcooliser. J’ai résisté au paludisme et à toutes sortes de maladies africaines, ce n’est pas pour crever d’intoxication alimentaire dans une rue du 5e arrondissement de Marseille.
L’homme fume cigarette sur cigarette. Il grille ses Fleurs de Savane aussi vite qu’il me déroule sa vie avec pour maigre bilan : pas de femme, pas d’enfant, 770 € pour vivre, et une maladie qui le gagne, morceau par morceau, organe après organe. Ce n’est pas avec les charentaises qu’il a aux pieds qu’il risque de gagner la course mais ma petite visite lui fait du bien. Ensuite, c’est l’infirmier puis l’auxiliaire de vie qui viendront mettre un peu de couleurs à sa grise journée.
Il y a toujours plus malheureux que soi, c’est une évidence, mais cela ne soulage en rien de le savoir. Toutefois, de voir de près la vraie solitude ferait peut être du bien à certaines de mes amies. Pour cela, c’est très simple : contactez Les Petits Frères des Pauvres.

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