Je vais vous raconter une histoire que j’ai vécue et que j’ai un peu hésité à vous conter car cela aurait pu être pris pour une mise en avant de mes bons sentiments, une publicité un peu tapageuse sur ma moralité et les bonnes actions que je tente de mener afin de compenser le côté obscur qui m’habite. Et puis, je me suis dit qu’en le racontant ici, peut-être inspirerai-je mes contemporains et que je les entraînerai dans un joli chemin nommé solidarité.
Je me trouvais l’autre jour dans le hall d’une banque avec un gros chèque à déposer à la main. J’étais fier et heureux à l’idée de déposer ce petit bout de papier sur mon compte bancaire. Il allait me permettre de solder mon prêt immobilier, oui mais voilà… tout ce bonheur fut gâché par un couple d’arabes qui se trouvait au guichet devant moi. Lui était grand, vêtu d’un bleu de travail, il portait des baskets tachées de plâtre et de peinture quant à elle, elle portait un voile qui lui couvrait les cheveux. Je ne voyais pas bien le visage de l’homme qui me faisait dos mais très bien celui de la jeune femme qui se tenait en biais par rapport à la banque d’accueil. Il parlait doucement mais on sentait de la détresse dans chacune de ses paroles. Il parlait calmement mais le guichetier, lui, parlait trop fort pour que je ne puisse pas me rendre compte de leur situation personnelle. Ils avaient de graves difficultés financières. Les mots “saisie sur salaire“, “huissier“ raisonnaient fort dans ce hall. Le guichetier n’était pas méchant ni agressif et il tentait d’expliquer à ce couple pourquoi leur carte bancaire avait été avalée et ce qui les attendait dans les jours qui allaient suivre s’ils ne déposaient pas rapidement de quoi alimenter leur compte.
Je me souviens très bien du visage de la jeune femme qui semblait toute petite à côté de ce grand homme : elle le regardait en levant la tête avec des yeux emplis d’inquiétude. L’homme s’exprimait fort bien et tentait d’apporter des solutions au banquier qui lui faisait face mais celui-ci ne semblait guère convaincu par les arguments déployés avec l’énergie du désespoir. La femme avait un de ses poings ramené devant sa bouche et elle tenait entre ses dents son index replié comme pour contenir la rage de se retrouver dans une telle situation.
Et moi… Moi je culpabilisais ou plutôt non, je réalisais que j’avais devant moi un échantillon des gens dont j’entends parler à la télévision, le soir au journal et de qui j’avais pris l’habitude de dire : “les médias exagèrent, il n’y en a pas tant que ça et puis, ils n’ont qu’à bosser ou moins dépenser d’argent en écran plasma et fringues de marque“. Je ne sais pas si ce couple possédait un écran plasma dans leur salon mais il ne portait rien de très élégant sur eux et je suis à peu près certain que leur frigo était vide.
J’ai eu envie de faire quelque chose. Retirer de l’argent et leur donner un peu de répit ? Combien ? 150 ? 200 € ? “Oui, il faut que je fasse ça“ me suis-je dit et puis… je n’ai pas osé. J’ai eu peur qu’ils prennent cela pour de la pitié et qu’ils réagissent avec véhémence, surtout que je n’étais pas le seul témoin de leur misère dans ce hall froid et impersonnel d’une agence du CIC.
Alors je n’ai rien fait et je les ai laissés sortir de la banque aussi pauvres qu’ils y étaient entrés. Et puis j’ai pu déposer mon gros chèque, solder mon prêt bancaire, et repartir de l’établissement financier plus riche que j’y étais entré.
J’ai peur d’avoir été trop long aussi je vous raconterai la suite demain. J’ai envie de prendre le temps de vous raconter cette histoire pour laquelle je souhaite être bavard.
Surprenant le changement de ton Jeff.
J’attends la suite avec impatience, en croisant les doigts pour qu’il ne change pas ;o))
Belle soirée !
Merci Loredana. Vous êtes fidèle !
Je ne réagis pas souvent mais je lis.
Alors oui on peut dire que je suis fidèle :o))
Celui-là devrait être plus approprié comme smiley 🙂
Vous êtes drôlement balèze niveau Smiley ! Vous l’avez pris en première langue ?
Ouais sauf quand il y a un traducteur qui me les déforme et que je ne le sais pas ^^
Du coup j’vous fais un « fait maison » (o_~)
[…] quelques jours concernant ce couple que je n’avais pu aider alors que j’étais dans un établissement bancaire et puis aussi le douloureux constat que l’aide que je tente d’apporter au Bénin […]