Basse Normandie mais Haut Moral

Je m’aperçois que je ne vous ai même pas compté mes pérégrinations au sein d’une région française tellement reculée que j’ai bien cru que j’allais tomber dans la mer. Durant les 4 jours de congés que je me suis octroyés à l’occasion du pont du 1er novembre, je suis allé me reposer et découvrir une région que je ne connaissais pas : la Basse Normandie, qui est, je pense, le point le plus éloigné sur la carte par rapport à Marseille. Dans tous les cas, par rapport au temps de transport. Point de TGV pour aller là-bas, il faut changer de gare à Paris et monter dans un Teoz… C’est le nouveau nom pour dire Corail. C’est juste le nom qui a changé car pour le reste… c’est pareil. Même moquette qu’il y a 30 ans, mêmes fauteuils en velours gris, mêmes vitres sales etc.
Après 7h30 de trajet, je suis donc arrivé dans la petite ville de Cherbourg qui est absolument magnifique. Je n’ai d’ailleurs failli jamais y arriver. En effet, à minuit, alors que le train avait pris un retard dont je ne m’étais rendu compte, je suis descendu dans une petite gare déserte… Diantre ! J’imaginais Cherbourg petit mais à ce point… J’aperçois un taxi dont le moteur tourne au ralenti. Je m’approche de sa conductrice qui me demande si je suis bien monsieur Michaud. J’ai bien envie de voler le taxi de ce monsieur car il n’y en a pas d’autre, qu’il est tard et que je suis complètement perdu. J’explique (sous la pluie à la dame que je ne suis pas monsieur Michaud mais que je serais bien en veine si elle acceptait de me mener en ville en partageant le véhicule de ce monsieur, qui, je la rassurais sur ce point, se ferait une joie de faire un bout de chemin en ma compagnie. Elle me demanda alors où j’allais et je lui glissais une adresse qui ne lui faisait point écho.
– “Vous êtes certaine que cette adresse est à Carentan car le village est petit et je n’ai jamais entendu parler de cette rue avant“
– “Ah ben, non. C’est à Cherbourg, madame“.
– “Mais c’est dans 2 arrêts ! Ici vous êtes à Carentan ! Remontez vite dans…“
Je ne l’ai pas laissé finir sa phrase et l’ai abandonné à son mystérieux passager pendant que je courrais chargé de ma valise pour tenter de remonter dans le train dont le chef de gare ordonnait le départ en sifflant. Les roues commençaient à bouger et heureusement que la porte du wagon n’était pas encore verrouillée, ce qui m’a permis de finir le voyage (35 minutes de train) en me disant que je l’avais échappé belle…
Le reste du séjour s’est déroulé parfaitement et la photo que vous voyez a été prise sur une des plages normandes à marée basse. J’adore ce type de paysage où le ciel se perd dans la mer dans une unité de couleur gris clair.
Je suis revenu avec une angine blanche qui m’a fait perdre 3 kilos mais j’ai été ravi de découvrir un nouveau coin de France dont jusqu’à présent, je ne connaissais l’existence qu’à travers la météo française.