Je vieillis, cette fois c'est certain

Une amie que je n’avais pas vue depuis longtemps vient de quitter le logis que je partage avec ma banque. Alors qu’elle me demandait poliment de mes nouvelles en prenant possession de mon confortable canapé, je lui ai dressé un portrait de ma vie qui m’a soudain fait prendre conscience d’une chose affreuse : je vieillis.
Cette fois, ça y est : je suis sur la pente qui me mène tout droit à ma sépulture. J’ai le sentiment d’avoir terminé l’ascension qui m’a mené, sans l’aide d’aucun sherpa, à des sommets jusqu’ici jamais atteints par l’homme… Je marche désormais d’un pas chancelant sur le chemin caillouteux et abrupt qui me ramène sur le plancher des vaches. Après les bovidés, je descendrai encore un peu plus profondément pour rejoindre les vers de terre à qui je ferai don de mon corps dans un ultime geste d’altruisme. C’est écrit et c’est même l’histoire de la vie depuis que l’homme existe (à part Jésus qui a été pistonné par son père et qui a reçu l’autorisation de ressusciter).
Mais que m’est-il arrivé pour connaître un tel accès de pessimisme, vous demandez-vous de l’autre côté de la blogosphère ?  Le récit de ma vie récente à cette jeune femme brune d’un 1,75 m si jeune et pleine d’espoir, m’a plongé dans des affres dont je croyais m’être tiré depuis belle lurette. Je vieillis, c’est une évidence. Alors que je courais samedi afin de pratiquer un exercice physique me permettant de conserver une plastique que mes ennemis jalousent, j’ai ressenti une violente douleur dans le mollet droit. Claquage. Je rentrais en boitant jusque chez moi en me tenant la jambe et en grimaçant de douleur. Poche de glace, Doliprane et un repos total m’ont été prescrits par le “mari“ d’Anne-Laure qui m’a même invité à une IRM dans son bel hôpital d’Aubagne.
Ce pépin physique n’était que le prologue de l’œuvre annonçant la fin prochaine de mon existence. J’en veux pour preuve ultime, l’épisode qui s’est déroulé mardi dernier à l’occasion de la rentrée scolaire de ma fille âgée de 12 ans. Alors que je lui demandais à quelle heure il fallait que je l’accompagne à l’école, je me suis entendu répondre par celle à qui j’ai donné la vie : “steuplait papa, tu m’accompagnes pas à l’école, ok ? J’ai pas envie d’avoir la honte avec mes copines“. The end. Fermées les guillemets et ouvrez mon cercueil : la messe est dite (et c’est pas une messe de Noël !)… je suis fini. Vider la corbeille et n’oubliez pas d’éteindre en sortant…
Ma fille ne veut plus que je l’accompagne à l’école, ma jambe est semblable à celle d’un grabataire gangréné, j’ai la mémoire d’un ancien président de la république et mon ophtalmo m’a expliqué l’autre jour que, désormais (comprenez “à mon âge“), je devrai venir le voir tous les ans… Complétez ce bien triste tableau par des poils gris qui poussent sur mes joues et mon torse, un crâne glabre, des tremblements dans les mains et vous aurez une idée de l’état de décrépitude dans lequel je glisse lentement mais surement. Je n’en ai plus pour longtemps, c’est acquis. Quelques jours, quelques semaines en cas d’acharnement thérapeutique mais pas plus. Ne nous leurrons pas. Je ne suis pas Steve Jobs et les médecins ne feront pas de miracle pour me sortir de l’ornière dans laquelle j’ai chu.
Déjà que j’aimais regarder Columbo le samedi soir sur TV Breitz en buvant de la camomille… Avouons que la partie n’est pas gagnée pour moi.
Je vais même vous confesser une dernière chose avant de vous rendre à votre état d’ataraxie dans lequel vous végétez sitôt sorti de ces pages numériques : je suis devenu addict au jeu Questions pour un Champion online…
Je suis foutu…