La petite fille et Goldman

L’histoire que je m’apprête à vous conter est vraie. Elle est belle aussi. Jean-Jacques Goldman est marseillais depuis un certain nombre d’années et il se trouve que chaque mercredi, la maman de mes enfants se retrouve chez le même marchand de légumes que lui. Ayant appris cela il y a quelques mois, ma fille qui rêve de devenir chanteuse (“à Hollywood“ parce que c’est mieux qu’Aubagne), lui a écrit une belle lettre dans laquelle elle a placé tous ses espoirs et ses connaissances orthographiques. Longtemps, elle a gardé cette lettre avec elle car sa maman n’osait pas aborder le chanteur et puis… mercredi dernier, le système scolaire français ayant fait relâche à l’approche de l’été qui arrive, Lisa n’a pas eu école. Elle a donc pu se rendre avec sa maman chez le marchand de légumes en espérant y croiser Monsieur Goldman. Bingo. Elle le voit ! Il est là, à quelques mètres d’elle, avec son épouse. Il est en train de négocier des poivrons : “et si je vous en prends 3, vous me les faites à combien ?“ (je plaisante… pfff… si on ne peut même plus rigoler…). Ma fille tient sa lettre d’une main tremblante mais elle n’ose pas franchir le pas psychologique qui la sépare d’une rencontre avec un grand monsieur de la chanson française.
Il sort et place ses courses dans le coffre de sa voiture. Il va bientôt partir… Lisa alors s’approche de lui et lui dit :
– bonjour Monsieur Goldman, je peux vous donner cette lettre ?
– oui bien sûr, lui répondit-il dans un sourire et il se saisit de la lettre.
Ma fille était folle de joie. Autant parce qu’elle avait vaincu sa peur que par le secret espoir que Jean-Jacques Goldman allait lire sa lettre. Elle m’a appelé au téléphone irradiante de joie et dans un état extatique, afin de me narrer la scène que je viens de vous rapporter. J’ai partagé sa joie et l’ai félicité de son courage en lui prodiguant une leçon de vie : “il faut tout tenter pour ne pas avoir de regret“. Mais l’histoire ne se termine pas là…
Dans l’après-midi, nouvelle appel de ma fille qui était, cette fois-ci, dans un état proche de la démence. Jean-Jacques Goldman venait de lui envoyer un Texto (elle avait noté son portable dans le courrier ) dans lequel il lui donnait des conseils pour devenir chanteuse. Ses mots, ses phrases étaient d’une délicatesse et d’une gentillesse qui m’ont touché. Pourquoi ce type a pris le temps de répondre à la lettre d’une petite fille ? Un long Texto dans lequel il tient à lui expliquer tout ce qu’elle devrait faire mais tout en lui précisant que son rêve était le rêve de milliers de petites filles et qu’il fallait donc qu’elle travaille bien à l’école. C’était signé JJG et il n’a même pas pris la peine de masquer son numéro…
Moi, je dis chapeau Monsieur Goldman. Un grand monsieur que ce chanteur que je n’écoute pas mais qui a, mercredi dernier, allumé une petite flamme dans le cœur d’une fillette qui m’est chère. “Il suffira d’un signe…“