Elyett, ma voyante bienveillante

Quand on touche le fond et qu’on est bien installé dans sa dépression, qu’on a conscience qu’on ne peut pas descendre plus bas, il y a plusieurs solutions : la religion, la drogue ou le désespoir (plusieurs réponses possibles. Si vous avez coché les 3, vous ne devez sans doute plus être en état de lire ce blog). Quand j’ai vécu ce douloureux apprentissage de la vie, je me suis tourné vers la religion dans un premier temps : j’ai prié tous les Saints et les Saintes (avec une préférence pour Sainte Marthe) que je connaissais et j’ai cramé assez de bougies pour éclairer une ville de 10 000 habitants. Voyant que Jésus avait d’autres chats à fouetter (ce qui n’est pas très très sympa, il faut bien en convenir), je suis tombé par hasard lors d’une soirée, sur Ellyet, une femme extralucide que j’avais interviewé à mes débuts sur LCM. D’ailleurs, est-ce vraiment du hasard… ? (musique mystérieuse, genre “Les 100 plus grands mystères“ sur TF1). Toujours est-il que j’ai eu grand plaisir à la retrouver. Ellyet est voyante de son état. Il ne lui a pas fallu longtemps pour me trouver “changé“ depuis la dernière fois où nous nous étions croisés. Là dessus, c’était facile : j’avais perdu 18 kilos et je faisais une tête qui n’était pas sans rappeler celles des condamnés à mort quand ils apprennent que leur recours en grâce a été rejeté. Je n’étais donc pas en grande forme et lorsqu’elle m’a proposé de passer la voir, je me suis dit : “qu’est-ce que je risque ?“. C’était ça où la Secte des Adorateurs de Satan, groupuscule fort sympathique, qui, une fois par trimestre, se retrouve dans une cave pour manger un nourrisson (la cotisation est de 600 € par an et les boissons ne sont pas comprises. Pour plus de renseignements, connectez-vous sur www.mangerunbebeetbouger.com). Je suis donc allé la voir, la honte au front, en me reprochant d’être tombé si bas, moi le cartésien, le rationnel, moi le moqueur des gens poussés par le désespoir à fréquenter les cartomanciennes de foire et les astrologues de pacotille. Je ne valais pas mieux qu’eux finalement. Et puis… j’ai été touché par l’extrême gentillesse de cette femme que j’avais très mal interviewé il y a 5 ans, puisque j’étais complètement passé à côté de mon sujet. Il y a de la bonté chez Ellyet et je ne l’avais pas vu. Cette bonté se retrouve dans les analyses qu’elle tire des cartes : jamais de mauvaises nouvelles. Tout va bien aller ! On ressort de là avec plein d’espoir et de volonté (que l’on garde plusieurs heures avant de ressombrer) et rien que pour cela, Ellyet fait du bien. C’est un peu comme l’ostéopathe qui vous remet d’équerre en replaçant ici ou là une vertèbre, qui se déplace à nouveau quelques heures plus tard quand vous essayez d’attraper l’appareil à raclette au dessus du frigo.

Ellyet m’a prédit PLEIN de bonnes choses qui ne sont jamais arrivées mais je continue à lui rendre visite de temps à autre, comme on va voir une amie. C’est devenue une amie d’ailleurs. Elle me prépare toujours à dîner quand je vais la voir et j’ai eu plaisir à l’inviter chez moi. Je l’ai présenté à plusieurs ami(e)s qui en sont devenu(e)s accrocs, la recommandant par le bouche à oreille car “elle avait vu juste !“. Les veinards. Moi, elle a eu tout faux pour le moment mais à chaque fois que je m’en pleins auprès d’elle, elle me répond : “sois patient !“ et elle en profite pour me resservir en semoule.

Je vais retourner la voir la semaine prochaine et je sais déjà qu’elle m’aura préparé un tas de victuailles casher que je devrai ingurgiter faute de quoi, elle me dira de sa voix grave “tu ne manges rien… ça me fait de la peine…“.