Drôle de vie que la mienne

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Drôle de vie que la mienne. Drôle de vie tout court car je crois que tout autant que nous sommes, nous pouvons formuler cette réflexion en forme d’évidence : la vie est bien étrange parfois. Hier soir, j’ai retrouvé quelqu’un que je n’avais pas vu depuis très longtemps. Je me suis rendu au rendez-vous en ne sachant pas un instant ce que j’allais y trouver ni même ce que j’allais y chercher. J’éprouvais, en vrac, de la joie, de l’appréhension et disons-le franchement, un peu d’angoisse comme on peut en avoir lorsqu’on retrouve un vieux copain de lycée avec qui on a fait les 400 coups, que l’on a pas vu depuis 20 ans et que l’on se demande ce que l’on va bien pouvoir lui raconter. Qu’allais-je chercher hier ? Des réponses ? Sans doute, mais je n’ai pas posé de questions. Pas osé. Peur peut-être. Peur sans doute. Cette peur idiote qui paralyse et tétanise et qui ne fait pas avancer. Je me suis contenté de l’écouter me parler de sa vie, de la regarder me conter son histoire personnelle en ayant le sentiment que j’étais bien loin désormais. Je suis sorti du restaurant sous une pluie battante, ni déçu, ni satisfait. Frustré peut-être. Frustré de ne pas avoir su trouver les mots pour interrompre le flot des siens qui coulaient comme une cascade descendant la montagne. Fatigué aussi. Las de chercher ces mots que l’on voudrait envoyer comme des flèches dans une cible mais dont on sait par avance qu’elle vont finir dans le décor. N’étant pas seuls dans ce restaurant, j’ai eu peur de blesser quelqu’un et de faire des victimes collatérales et j’ai laissé mes pointes dans leur carquois. Une petite lâcheté en échange d’un moment de paix. Fuir…

Suite de ma drôle de vie. Cet après-midi, j’ai reçu un mail de mon amie américaine Kimberly, la fille d’Allan, mon “père“ américain qui souffre d’une grave tumeur au cerveau. Les nouvelles sont mauvaises. Très. Son état de santé s’est aggravé précipitamment et Allan en a assez de subir un acharnement thérapeutique qui le meurtrit et le fait souffrir. Il a demandé à stopper les soins et à rentrer chez lui pour y finir ses jours. Tranquillement, paisiblement. Quelques semaines, quelques mois tout au plus, très loin en tout cas des 14 mois qu’on lui laissait espérer à Noël. Je vais retourner le voir. Lui dire au revoir et merci pour tout ce qu’il m’a apporté. L’engueuler aussi pour avoir omis de m’apprendre certaines choses essentielles pour être heureux dans une vie d’homme. Quand je serai à ses côtés, je lui demanderai de me confier le secret du bonheur. Les gens qui vont disparaître connaissent ces choses là. Heureux il l’a été aux côtés de Joyce, sa merveilleuse épouse qui veille à ses côtés depuis 40 ans de mariage. Ce ne sera pas un voyage heureux que celui que je m’apprête à faire, quoique… On peut tirer du bien de ce qui fait mal, j’ai appris ça l’an passé. Là, j’ai les larmes aux yeux en vous écrivant tout ça. C’est sans doute à cause de la chanson que j’écoute en boucle : “La fille du Nord“ d’Hugues Aufray avec Eddy Mitchell, une reprise d’un titre de Dylan. Ecoutez-là, je vous l’offre. Elle vous rappellera forcément quelqu’un. On a tous dans le cœur “une fille du Nord“.

La semaine dernière, je ne savais pas ce que j’allais vivre ces dernières 24 heures et puis voilà… La vie roule comme un chariot sur une montagne russe. Il faut bien s’accrocher, c’est tout.

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