Dans le silence d'un TGV…

perouse
Il faut que je vous parle de Monsieur Pérouse qui figure sur ce cliché pris dans le TGV Marseille-Paris dans lequel je me trouvais et qui filait à 300 kilomètres/heure vers la capitale. Je me rendais à un rendez-vous ultra-secret avec un important producteur américain pour un projet de film d’action à gros budget, racontant la vie de Raymond Barre et dans lequel j’interpréterai le rôle de Jacques Chaban-Delmas. Enfin bref, ne nous égarons pas dans des discussions de traverse et revenons au personnage qui nous intéresse. J’étais dans une voiture “silence“, ce qui signifie (je précise les choses pour ceux d’entre vous qui voyagent peu) qu’il y est interdit de recevoir ou d’émettre des appels téléphoniques afin de respecter la plus élémentaire des courtoisies et de laisser dans un calme ferroviaire, les hommes d’affaires et les artistes. De petits stickers bleus étaient scotchés sur les parois de la carlingue afin de rappeler le bon usage à faire de nos portables gsm. Monsieur Pérouse est un homme d’1,75 cm pour 95 kilos environ, le teint couleur Brouilly, le ventre dévalant en avalanche sur le pubis, les cheveux teints et les bretelles plaquées sur une chemise de coton molletonné d’assez mauvaise facture. Voilà pour la rapide description physique mais l’intérêt du bonhomme ne réside pas dans cette simple identification anthropographique et vestimentaire. Le personnage est rare… quoique. En effet, il a passé près d’une heure à parler bruyamment dans son téléphone car (je cite) : “j’avais oublié mon chargeur alors j’ai pas pu appeler avant et ma boîte vocale est pleine ! Allo !! Allo ! Ah merde, ça a coupé“. Hourra ! Me disais-je intérieurement. Je remerciais le Ciel et les opérateurs téléphoniques de ne pas avoir installé de relais suffisamment puissants pour permettre aux gougeats et aux malotrus de persécuter leurs prochains. Mon répit ne dura que quelques minutes puisque son appareil capta de nouveau le précieux signal… “Ouais, c’est moi ! On a été coupé ! Oui, alors, j’ai réfléchi à notre problème. Pourquoi on ferait pas des sections de 30 cm en propylène expansé ? Comme ça, tu le mets dans les goulottes et normalement, ça devrait tenir, non ? T’en penses quoi ?“ (silence puis éclat de rire). Je ruminais en moi. Je fulminais et m’imaginais me levant courageusement pour lui demander de cesser son bavardage inutile. Je rêvais que la foule de voyageurs, qui n’en pensait pas moins, m’applaudisse après cette tirade assassine, comme à chacune de mes apparitions théâtrales. Je regagnais dans mes songes, la place numéro 16 sous les ovations et le regard honteux de mon adversaire vaincu par ma témérité. Je n’en fis rien. Je demeurais lâchement assis, espérant qu’un de mes congénères aurait le courage qui me fuyait. Mais ce wagon était le wagon des lâches puisque Monsieur Pérouse, PDG de la BPE, pianotait à nouveau de ses doigts boudinés le clavier de son portable afin de conter ses trépidantes aventures à un correspondant qui nous demeurait anonyme. Cette ultime conversation atteint des sommets. Nous apprîmes que le tudesque primitif avait “mangé à midi du lapin royal avec un Bourgogne de derrière les fagots, je te dis que ça ! Quoi ? Qu’est-ce tu dis, j’entends pas !“ (il se met à hurler oubliant qu’un écouteur et un micro ont deux fonctions, certes complémentaires, mais radicalement différentes) “Non, y’avait Bernard et Christian mais Jean-Claude a pas pu venir.“ J’enrageais. Je m’imaginais lui dérobant sa carte SIM pendant qu’il irait aux toilettes pour soulager une vessie compressée par sa multitude de ventres. Je savais que personne ne me dénoncerait, trop content qu’un justicier se révèle et nous venge. Mais je restais une fois de plus immobile, emprisonné dans un sarcophage de couardise. Soudain, alors que je pleurais intérieurement, me maudissant de tant de lâcheté, le phacochère se tu. Est-ce le flash de mon apparail qui effraya l’animal ? Je n’en sais rien mais les 2 heures restantes furent pour moi les plus délicieuses de toute mon existence.

8 Responses
  1. Ca pourrait vraiment rejoindre la série des émissions consacrées aux « Petits moments, Grandes gênes » qu’on avait imaginée !! Ca ferait bonne figure à côté du gars, à la caisse du supermarché, déjà ultra-lent de nature, qui doublait chacun de ses sacs plastiques pour pas qu’ils cassent et rangeait ses commissions par famille… Et là, t’es coincé puisque t’es juste derrière lui. Et tu deviens fou, et tu te sens seul comme un rat, à attendre en regardant, gêné, la caissière qui a les bras croisés. Mais je crois que le coup de la photo avec le portable, c’est pas mal !

  2. jeff

    Personnellement et sans haine aucune, je suis pour le rétablissement de la peine de mort pour ces personnes qui nuisent à la société. Je ne veux pas être extrême en m’exprimant de la sorte ni paraître fascisant mais je suis convaincu qu’une peine létale est la seule solution.

  3. La loi de Murphy est un principe empirique énonçant que s’il existe une possiblilité de mauvaise manipulation d’un produit ou d’une méthode, quelqu’un fera un jour cette erreur d’utilisation. Par jeu, on évoque souvent la « loi » de Murphy pour expliquer mauvais résultats ou mauvaises conditions dont les causes n’ont rien à voir avec la manipulation.
    La loi de Murphy est l’une des lois empiriques les plus connues. Elle est devenue l’énoncé principal de nombreux autres principes empiriques, dont la célèbre loi de la tartine beurrée.
    L’un de ses corollaires les plus connus, la loi de Finagle, érige en loi le pessimisme en affirmant que tout événement ayant la moindre possibilité de tourner mal le fera un jour. Cette version généralisée est mieux connue et souvent confondue avec la loi de Murphy.
    La loi de Murphy serait un facteur important de l’implantation généralisée des principes de la conception de sûreté préconisant de planifier et d’éliminer dès la conception les possibilités de mauvaise utilisation, par exemple à l’aide de détrompeurs. La loi de Murphy n’est alors ni plus ni moins qu’une formulation du principe de précaution.

  4. jeff

    Tu as été enseignant dans une autre vie ? Comment fais-tu pour tout savoir, Ô grand maître ? Y-a-t-il une vie après la mort ? Qui a tué Kennedy ? Pourquoi Michael Youn a-t-il du succès ?

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