Je ne vous ai jamais raconté mon premier voyage outre Atlantique. J’étais jeune et innocent et, à l’époque, j’étais convaincu que les américains étaient le peuple le plus intelligent du monde car leur musique et leur cinéma égayaient mes yeux et mes oreilles d’adolescent. C’est au cours de ce premier séjour que j’ai découvert les nuances de leur langue par rapport à l’anglais de Dickens. Un jeune athlète stéroïdé me propose de venir jouer au football avec des amis à lui. Je réponds positivement à son invitation et je rentre prestement dans la maison où je logeais pour m’équiper : chaussures à crampons, chaussettes blanches, short et maillot de l’Olympique de Marseille. J’avais mis des protèges tibias, au cas où… Je n’ai pas bien compris où j’étais lorsque j’ai débarqué sur le terrain et que j’ai vu le jeune Mr Muscles habillé comme un gladiateur, les épaules engoncées dans des prothèses en kevlar, le crâne casqué et le visage protégé par une grille. J’ai d’abord pensé qu’il était gardien de but et qu’il avait peur des penaltys, mais non… Il a souri et m’a demandé en anglais, ce que je n’ai compris qu’après, sur mon lit d’hôpital : “you gonna play like that ?“ (“tu vas jouer comme ça ?“). Au premier placage, j’ai tout de suite compris que le football aux USA était plus rude, plus physique qu’en Europe et que les arbitres étaient plus tolérants. Au deuxième placage, j’ai tenté de protester auprès de l’arbitre mais je n’avais plus de dents et mes propos restaient incompréhensibles. Le troisième placage fut le dernier. Je ne me souviens plus de rien par la suite. Je me suis réveillé 6 semaines après dans un hôpital français où j’avais été rappatrié par Europ Assistance.
Je n’ai pas eu que de mauvaises expériences avec les finesses de la langue américaine : la prochaine fois en effet, je vous parlerai du base-ball.
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