La gaffe

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Hier, j’ai voulu faire l’acquisition d’un bouquet de fleurs pour égayer mon intérieur où mêmes les cactus ne résistent pas et crèvent tous les uns après les autres. Je suis donc allé rendre visite à mon ami Alex dans son petit kiosque situé sur la place Castellane. Arrivé chez mon fleuriste préféré, je trouve une de ses amies à qui il avait demandé de tenir son échoppe pendant qu’il effectuait une course urgente qui ne pouvait attendre. Pendant que la jeune femme préparait, avec amateurisme et obstination, mon bouquet, je me décidais à lui faire un brin de causette. Remarquant son ventre rond, je veux être aimable et attentionné et je lui demande d’une voix chaleureuse et complice : “c’est pour quand ?“. Prononçant ces mots, je pose mes yeux sur son ventre et je rajoute mon index au cas où elle n’aurait pas compris que je parlais de sa maternité. Elle me regarde alors et me répond : “je ne suis pas enceinte“ et elle écarte les pans de son blouson pour témoigner de sa parfaite non-maternité et de ma totale non-perspicacité. Je sais qu’on a tous déjà vécu cela mais quand même… Cette mésaventure m’était déjà arrivée et la dernière fois, je m’étais juré de ne plus jamais sortir cette phrase qui se veut polie et amicale mais qui est terriblement risquée. J’avais banni le “c’est pour quand ?“ mais il est ressorti comme ça, sous l’effet d’un automatisme humain que je n’ai su réfréner.
Bien entendu, sa réponse a été suivie d’un blanc pendant lequel nous semblions tous deux gênés. Alors que je cherchais en mon for intérieur une façon de m’en sortir avec subtilité, c’est elle qui est venue me secourir. Elle m’a expliqué qu’il manquait un bouton à son blouson et que le vent, en s’engouffrant, créait l’illusion d’un ventre plus arrondi qu’il n’était réellement. Justification absurde que n’importe quel élève en première année d’école d’ingénieur pourrait démonter en 2 coups de craie sur un tableau noir mais ouf quand même ! Merci Madame, hurlait mon cerveau reconnaissant de la sortie de panade que cette jeune femme m’offrait sur un plateau. Je saisissais la perche à 2 mains : “oui, c’est pour ça que j’ai cru que… c’est à cause du bouton ! Bien sûr ! Oui parce-que franchement, maintenant que vous me le dites… J’avais pas vu le bouton manquant ! Ça m’apprendra à pas bien regarder ! Sinon, vous avez vu toute cette pluie ? C’est dingue, non ? Y’a plus de saison ! C’est bien 17 € ? Allez l’OM… bon il faut que je file, je suis mal garé, merci, au revoir Madame“. Et je décampais à grandes enjambées, couvert de honte et les bras chargés d’un bouquet chèrement payé. Le plus coûteux que j’ai jamais acheté.

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