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Jeudi, je suis parti avec mes enfants, mon amie béninoise Catherine et mon nouvel ami/chauffeur/guide/responsable de l’association humanitaire Tata Somba, Jean-Rolland dans le nord du Bénin : 9 heures de route dans un Toyota Rav4 toutes options (mais plus aucune ne fonctionnait) sur des routes défoncées par la pluie et les camions ralliant le Burkina Fasso avec des remorques chargées à bloc de produits divers : céréales, manioc, maïs, ananas, riz, pétrole, hommes et femmes entassés comme du bétail…
Je n’ai pas compté le nombre de ces camions à l’état d’épaves en panne sur le bas côté ou carrément sur la chaussée dans l’attente d’une pièce mécanique, d’un pneu ou le plus souvent d’un miracle… J’en ai vu d’autres, moins chanceux, gisant dans le fossé ou bien encore sur la piste, le tracteur défoncé par un choc aussi destructeur que mortel car personne n’attache sa ceinture de sécurité ici (quand elles fonctionnent. On a ainsi effectué plus de 1000 kilomètres sans).
J’ai même vu aujourd’hui un bus dans un ravin et j’ai alors songé au destin de la centaine de passagers qui devaient y voyager bruyamment avant de plonger en criant dans le vide… puis le silence. Crevaison, problème mécanique, erreur humaine, obstacle ? On ne le saura jamais car il n’y aura certainement pas d’enquête. On préférera attribuer l’accident aux mauvais esprits. Il est plus facile de faire son deuil si on sait que le Malin était de la partie et que rien ne pouvait sauver les pauvres diables se rendant au marché de Natitingou pour vendre quelques bêtes ou bien rendre visite à leur famille. Il y a 5 ans, j’avais pris un de ces bus.
Nous étions tellement brinquebalés dans la Toyota qu’on se serait cru dans une Jeep lunaire en train de naviguer sur la Mère de la Tranquillité (la gravité en plus et c’est un détail qui compte). Nous sommes arrivés perclus de courbatures sur 3 roues (à cause d’un pneu “gâté“ comme ils disent) et l’embrayage en petite forme à tel point que l’on a été obligé de grimper une côte en marche arrière sous les regards curieux des piétons qui passaient par là, portant sur leurs crânes des plateaux chargés de linge ou de fruits.
J’ai découvert des choses que je n’avais jamais vues auparavant, rencontré des êtres humains d’une chaleur rare et assisté à des scènes surréalistes. Ainsi, au détour d’un virage, j’avise un groupe d’hommes courant sur la route. N’ayant pas aperçu beaucoup de joggeurs dans le pays, je m’étonnais auprès de notre chauffeur (Olivier, un guide épatant qui nous emmenait au parc de la Pandjari) de cette curieuse pratique sportive en plein pays de l’Acatora. Il m’expliqua alors que le groupe d’hommes étaient en train de porter un macabé au cimetière pour l’enterrer.
Effectivement, arrivé à leur hauteur, j’ai bien vu un “cercueil“ de fortune porté par une forêt de bras d’ébène. C’est ainsi que les enterrements se font au pays Somba : on porte en courant le corps du défunt jusqu’au cimetière où il sera vite mis en terre afin que l’âme ne tarde pas trop à monter au ciel et avant que le mauvais esprit (encore lui) ne s’empare du pauvre bougre. Les hommes se relaient ainsi sur des parcours pouvant atteindre jusqu’à 25 kilomètres…
Il arrive même que le mort leur adresse des signes durant son dernier voyage alors les semi-marathoniens rebroussent chemin et attendent que l’oracle (le Fâ) ait fini d’analyser et interpréter les signes envoyés par le défunt. En cas de crime, c’est le mort qui désigne lui même le coupable : si l’un des hommes portant le cercueil arrête de courir, il signe son arrêt de mort…
Vous voyez un peu le genre de trucs auquel j’assiste ? C’est proprement hallucinant et je ne vous parle pas des plats que l’on me propose de gouter : chien, varan, iguane etc. mais je m’en tiens à mon régime à base de Vache Qui Rit et de coquillettes. Et j’ai mille histoires comme celle-ci à raconter mais je ne vais pas vous emmerder avec ça : y’a les JO à la TV 🙂
En rentrant, je rêve d’aller manger chez Etienne une pizza à la mozzarella suivie d’un pavé de viande avec une bouteille de rosé fraîche… On apprend à faire des rêves accessibles au Bénin.

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