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Patrick Fiori
Il m’est arrivé une histoire cocasse vendredi soir alors que j’étais invité par le centre commercial Grand Littoral à un concert des Gipsy Kings. J’avais dans un premier temps décliné l’invitation VIP qui m’avait été adressée, ayant peu d’appétence pour les plaintes braillées à la guitare par 7 gitans chaussés de santiags, a fortiori dans une galerie marchande d’un centre commercial.
J’ai par la suite accepté car je suis faible et que je n’ai pas su dire non à l’attachée de presse qui est quelqu’un que j’apprécie et qui a su développer les arguments nécessaires pour concrétiser ma présence. Je m’y suis donc rendu accompagné de mon fils afin d’avoir un alibi pour partir plus tôt au cas (probable) où l’ennui me gagnerait. Je fus accueilli de manière très protocolaire par d’accortes hôtesses qui ont coché mon nom sur la liste des invités “VIP“ et qui ont su me faire sentir que j’étais une personnalité attendue.
Je pénétrais dans la zone où le concert devait se tenir par une entrée VIP réservée à quelques people triés sur le volet. On nous a passé des bracelets fluorescents afin que le service de sécurité du centre commercial (qui possède un QI proche de celui d’un bulot) ne se jette pas sur nous à coup de tasers. Ils avaient beau porter des costumes et des cravates, on sentait bien qu’ils n’avaient pas trop l’habitude de gérer une population de VIP et qu’ils étaient plus enclins à frotter les oreilles des nombreux voleurs à la tire qui pullulent dans ce centre situé dans les quartiers nord. Nous avons néanmoins réussi à passer le contrôle et entrer dans le centre alors qu’une foule surprenante et impressionnante faisait la queue dans une autre file d’attente qui s’étirait jusque sur le parking extérieur.
C’est à ce moment là que je fus alpagué par une jeune femme qui faisait la queue dans la file voisine à la mienne (celle réservée à la plèbe), séparée par une fragile mais utile barrière métallique. Je voyais bien qu’elle me regardait avec insistance et timidité depuis quelques minutes et j’étais persuadé qu’elle me reconnaissait de mes exploits télévisuels ou encore de ma performance théâtrale. Je l’ignorais avec majesté comme toutes les stars le font, attendant qu’elle n’en puisse plus et qu’elle se jette sur moi pour me crier son amour et sa passion pour mon talent. Elle le fit sans attendre quelques secondes plus tard mais le réconfort que j’en tirai fut très loin de mes attentes… En effet, elle m’apostropha de la sorte : “bonjour… c’est vous ? Je veux dire… C’est vous le chanteur de Patrick Fiori ?“  J’étais anéanti. Elle ne m’avait pas reconnu. Pire : elle me prenait pour un autre. Pire ! Elle me prenait pour un subalterne, un second rôle, un artiste de l’ombre, un factotum : un choriste de Patrick Fiori !! J’eus envie de la gifler violemment sur place mais la présence de mon fils (et des mono-neurone en costume cravate) m’a dissuadé d’accomplir un geste qui m’aurait pourtant soulagé.
Mais le plus étrange reste la réponse que j’ai formulée à cette fan transie. Au lieu de m’excuser de ne pas être le choriste du chanteur corse, j’ai répondu : “oui, oui, c’est moi“ sous le regard médusé de mon fiston. Pourquoi avoir menti à cette connasse ? Je ne saurais vous le dire. Je crois que je n’ai pas eu envie de la décevoir. Peut-être aussi ai-je été désireux de voler un peu de notoriété à cet anonyme chanteur de tournée ? Cet ersatz de vocaliste ? Quoiqu’il en soit, aussitôt la réponse sortie de ma bouche de fieffé menteur, j’ai vu mon admiratrice tourner de l’œil et vaciller sur ses jambes. Elle a murmuré un grossier “oh putain, c’est pas vrai !“ en souriant de joie et en cherchant du regard ses copines pour les avertir que “j’étais“ là. C’est là que j’ai choisi de fuir, tirant sur le bras de mon fils avant de grimper quatre à quatre les marches de l’Escalator donnant accès à l’espace VIP.
Je me suis conforté de cet affront qui m’avait été maladroitement fait en me disant que, peut-être, un jour, une femme s’approchera du choriste de Patrick Fiori pour lui demander timidement : “euh, excusez-moi… Vous êtes Jeff Carias ?“. La différence est qu’il n’aura aucune idée de qui elle parle.

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