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mauvaise foi masculine

488911573Il m’est arrivé une petite histoire dont je ne suis pas fier mais qui me permet, en vous la déposant dans vos boîtes mails, de prendre un peu de recul et de mesurer ainsi la bêtise insondable qui peut être la mienne (et que je partage allègrement avec la gente masculine dans son immense majorité).
L’autre soir, je cherchais une paire de ciseau pour découper une feuille de papier d’aluminium dans laquelle j’avais prévu de cuire à l’étouffé un méli-mélo de pommes de terre, girolles et foie gras frais. Je glisse ce détail culinaire au passage afin de corriger l’image peu valorisante d’un homme ne sachant cuisiner rien d’autre que la raclette ou les rôtis de bœuf. Je cherchais donc les cisailles dont j’avais besoin pour entreprendre ma recette et j’ouvrai d’un geste assuré et volontaire le tiroir de la cuisine dans lequel l’objet contondant a sa place depuis la nuit des temps (enfin j’exagère un peu et ma notion du temps ne vaut pas celle d’un horloger suisse, mais disons que cela faisait bien 6 ans que cette paire de ciseau avait fait son nid dans le compartiment mobile situé sous mes plaques à induction).
Une fois ce dernier offert à ma vue, largement éclairé par la lumière cru des spots allogène intégrés à ma hotte aspirante de facture italienne, je dus me rendre à l’évidence : l’ustensile d’acier aiguisé en biseau que je désirais ne s’y trouvait pas. La première idée qui me vint en tête avant de la laisser s’exprimer à voix haute fut : “qui c’est qui a ENCORE pris les ciseaux sans les ranger !?“ Il faut que vous sachiez que, disposant d’une mémoire équivalente à celle d’un micro-ordinateur familial des années 80, je règle ma vie comme du papier à musique. Tous les objets de mon quotidien occupe une place bien déterminée : clefs, téléphone, télécommande, casque, lunettes… ciseau… tout a une place précise afin que je puisse rapidement mettre la main dessus. Certains appelleront cela “maniaquerie“ mais je préfère parler de moyen de survie. Les habitués de ce blog n’auront pas manqué de remarquer que ce trouble comportemental compulsif ne m’a pas empêché de perdre 2 ordinateurs en 2 mois… Je leur répondrai ceci : “imaginez ce que serait ma vie si je n’essayais pas de l’organiser !“
Bref. Revenons-en à nos ciseaux. Je commençais à maugréer et à accuser intérieurement la seule personne coupable à mes yeux : ma compagne, mon exact opposé. En effet, Laetitia est aussi organisée qu’une chambre d’adolescent pré-pubère et je ne voyais qu’elle comme responsable de ce forfait, que dis-je, de ce crime odieux. Je la maudissais entre mes dents serrées, regrettant déjà ma vie de célibataire où chaque chose avait la place que JE leur avais donné. Ce ne pouvait être qu’elle, j’en étais sûr. “Calme toi Jeff ! Elle ne connait pas encore ton côté psycho-rigide que tu as réussi à lui camoufler depuis le début de votre histoire : ne vas pas tout gâcher maintenant en lui cherchant querelle ! Tu en achèteras d’autre que tu cacheras dans un endroit connu de toi seul !“  Je réussis à articuler d’une voix contenant difficilement un torrent de haine  “personne n’aurait vu les ciseaux qui étaient dans CE tiroir ?“ mais personne ne prit la peine de me répondre. La coupable désignée préférant se draper dans le silence que d’affronter mon juste courroux. Son mutisme était un aveu.
Et puis… en refermant le tiroir, mon œil accrocha un morceau de plastique rouge qui était en parti recouvert par le gant de four dont je me sers hebdomadairement pour sortir mes (fameux) rôtis. Ce morceau de plastique, je le reconnus instantanément… Je soulevai délicatement la mitaine thermofuge pour découvrir la paire de lames biseautées qui était conjointement l’objet de ma convoitise et de ma sourde colère.
Je m’en voulais terriblement d’avoir injustement accusé celle que j’aime d’un amour profond et sincère mais je décidai instantanément de ne point m’excuser ni d’avouer ma méprise. Je préférais m’emmurer dans un sarcophage de mauvaise foi qui alla jusqu’à lui répondre, alors qu’elle s’enquerrait des résultats de mes recherches : “oui, je les ai ENFIN retrouvés !“. Je prononçais ces mots avec assez d’agacement pour qu’elle n’aille guère plus loin dans son questionnement. Elle l’aurait fait, j’aurais inventé quelque chose, raconté avoir retrouvé les ciseaux dans un endroit saugrenu plutôt que d’avouer mon erreur.
Ma punition fut terrible : j’ai foiré complètement mon plat et du coup j’ai ressorti mon appareil à raclette.

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