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J’ai pour habitude de vous confier les petits tourments qui agitent mon quotidien et je veux aujourd’hui vous conter la dernière expérience sensorielle que j’ai vécue il y a quelques jours dans le confinement d’un cabinet de soin esthétique de la rue du Docteur Escat à Marseille.
A l’adolescence, j’ai vu apparaitre en certains endroits de mon corps des touffes de poils aussi disgracieuses que touffues qui m’ont prématurément fait ressembler à Sean Connery, Demis Roussos ou Josiane Balasko lorsque j’enfile une tenue de bain. Si cela me confère un certain charme auprès de la gente féminine adepte des attributs de la virilité masculine, il m’arrive d’en effrayer d’autres ne supportant pas la présence de follicule pileux chez l’homme.
Ne cherchant pas à faire l’unanimité, j’ai néanmoins récemment décidé de prendre à bras le corps ce problème pilaire et de me faire épiler le dos afin de pouvoir porter un tee-shirt sans que l’on me jette des cailloux dans la rue sous le fallacieux prétexte que je pourrais mordre un enfant.
Cette séance d’épilation fut une expérience… unique et je souhaiterais, à travers ce billet, rendre hommage aux millions de femmes dans le monde (excepté l’Allemagne) qui subissent depuis des années les dictats de la mode en souffrant silencieusement dans leur chair.
C’est lorsque je fus allongé sur le ventre et que la délicieuse Priscilla m’étala de la cire chaude sur le dos, que je compris que je n’étais pas à Disneyland. J’essayai de faire bonne figure devant mon hôtesse en gardant pour moi les hurlements primaires que j’avais envie de libérer mais les raidissements de mon corps à chaque arrachage de plaque de poils trahissaient la douleur aiguë qui transperçait mon corps. La jolie blonde aux mains fines et fraîches me demanda : “tout va bien ?“ et c’est les larmes aux yeux que je soufflai d’une voix chevrotante un “oui“ peu démonstratif. Elle qui me connaissait sous des traits enjoués et facétieux, le bon mot toujours au coin des lèvres à la manière d’une cigarette incandescente, le sens de la réparti aussi tranchant qu’une lame Wilkinson, devait me trouver bien taiseux alors qu’elle continuait sans relâche d’une main sûre, son travail de défrichement tel l’agriculteur sarclant sa terre avant les semailles.
Je me maudissais d’avoir eu cette idée saugrenue. Mes ex ne s’étaient jamais plaintes de cet excès de sécrétion hormonale alors pourquoi m’infliger un tel supplice ? Certaines même aimaient à perdre leurs doigts délicats dans la forêt de poils couvrant mon torse, à la recherche de quelques trésors enfouis ou à la découverte d’espèces non répertoriées par la WWF.
Ayant eu un aperçu des tortures infligées par la CIA sur la base de Guantanamo, je fus soulagé d’entendre mon bourreau m’avertir que la séance était terminée et que je devais passer à la caisse m’acquitter du prix du désherbage.
C’est au moment de payer que j’appris que je devrai revenir chaque mois dans les geôles de la Gestapo si je voulais avoir le soyeux de la peau de Florent Manaudou.
Mesdames qui lisez ce billet, sachez que vous avez toute mon admiration et mon respect pour les efforts et les souffrances que vous endurez afin que nous profitions de vos corps glabres. Je ne vous regarderai plus jamais comme avant.

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