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Oui, vous avez bien lu, moi le buveur de Coca Zéro, le fidèle client de Monoprix, le meilleur ami des bouchers, j’ai poussé la porte d’un magasin bio. Enfin, soyons honnête… j’accompagnais la femme dont je partage quelques morceaux de vie (100% naturel).
C’est le pas trainant et à reculons que je pénétrais dans cet étrange magasin dont ma fiancée est une adepte inconditionnelle, possédant même une carte de fidélité lui donnant droit à des avantages non négligeables, jugez plutôt : un pâté végétal curry et sésame acheté, un pot de pâte à tartiner sans chocolat et sans lait, offert.
Que ne ferait-on pas par amour, n’est-ce pas ?
Je fus immédiatement saisi par l’odeur et le calme dans lequel baignait l’échoppe. L’odeur était indéfinissable et je suis bien embarrassé au moment de vous la décrire mais disons qu’elle n’était pas agréable aux narines. Point de parfums de synthèse ni de fragrances chimiques afin d’anesthésier mon cerveau pour me pousser à la consommation. Cela sentait “normal“.
Quant au calme, il venait du fait qu’il n’y avait aucune musique ni aucune annonce publicitaire concernant une promotion quelconque, crachées par des hauts parleurs fatigués. Je pris alors conscience que j’étais dans le temple de l’anti-consumérisme et il me fallut quelques minutes pour abandonner mes réflexes naturels. Ainsi je compris très vite que je ne trouverai aucun soda américain aromatisé au cola ni aucun Snickers dans les rayonnages de ce drôle de magasin.
Mais le plus étonnant restait les “clients“. J’avais l’impression qu’ils étaient tous malades et de me trouver dans la supérette d’un hôpital spécialisé en soins palliatifs. Le teint gris, cireux, les cheveux pelliculés, ils possédaient des silhouettes soulignant leur extrême maigreur. Vêtus de vêtements en coton équitable ou en chanvre bio recyclé, ces êtres étranges glissaient lentement dans les allées tels des zombies. Point de chair humaine pour eux mais du quinoa et du tofu sous vide que je les voyais attraper de leurs mains nervurées aux ongles jaunis par le manque de protéines.
Au pays du bio, les légumes sont bizarres : ils ne sont pas beaux, brillants de tous leurs pesticides sous l’éclairage au néon des supermarchés que je fréquente. Non… au pays du bio, on comprend que les légumes poussent dans la terre car il y en a encore plein dessus.
J’ai plusieurs fois croisé une femme qui portait d’étranges chaussures (de celles que l’on trouve en pharmacie et qui ne font pas mal aux pieds). Un gros collant noir semblable à du Néoprène recouvrait ses jambes jusqu’à la naissance des cuisses qu’une ravissante petite robe multicolore en gros coton équitable du Népal qui gratte, tentait de camoufler. Il y avait plusieurs bandes de couleurs différentes, façon patchwork, avec des fleurs cousues dessus et cela me rappela les cadeaux que mes enfants fabriquaient eux-même à l’école pour la fête des mères quand ils étaient petits. Elle n’avait pas conscience d’être habillée comme un épouvantail à corbeaux alors que je la contemplais hésiter longtemps entre une brique de lait fermenté de chamelle ou celui 100% bio de chèvres des Pyrénées.
Ma charmante compagne jurait totalement au milieu de cette secte étrange et bigarrée avec son élégance naturelle, sa grâce de danseuse étoile, perchée sur de fins escarpins et enrobée de vêtements de marque. Elle semblait néanmoins à son aise. De temps à autre, elle m’invitait à déposer dans notre panier quelques aliments dont je découvrais l’existence : des yaourts au lait bio de chèvre aux appellations qui tenaient plus du médicament que de la gastronomie… Casei-philus, K.Philus… Je résistais tant bien que mal au tofu “épinard et noisette“, au “filet de tofu à l’ail des ours“ et faillis me faire piéger par un packaging malin… Désespérant de trouver un produit susceptible de satisfaire un estomac habitué à plus de 45 ans d’une alimentation saturée en graisses et colorants alimentaires, je me jetais trop vite sur un paquet de steaks. J’étouffais rapidement les sanglots qui montaient dans ma gorge alors que je me rendais compte que je tenais dans mes mains un paquet de steaks hachés… végétal à la bolognaise.
Bizarrement, la caissière qui scanna nos produits ne correspondait pas du tout à la clientèle du magasin dont elle défendait pourtant les pâles couleurs. Environ 120 kilos, un piercing dans le nez, un triple menton qui lui permettait de maintenir contre elle le classeur comprenant le prix de tous les légumes, je me disais qu’elle aurait été plus à son aise chez Carnivor ou les Boucheries Bernard. La ventripotente hôtesse de caisse me fut immédiatement sympathique car je sus qu’elle appartenait à mon camp, au clan de ceux qui aiment les Snickers, la pizza de chez Etienne Cassaro et le chocolat blanc Galak.
Ma dulcinée a cuisiné le soir même une quiche aux champignons bio et vous savez quoi ? Je n’en ai jamais mangé d’aussi bonne et je me suis resservi deux fois. C’est quand qu’on y retourne ?

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