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Je déteste ces périodes de ma vie où le temps parait suspendu à une corde à linge, où la trotteuse de ma montre trainasse sur le cadran qu’elle est pourtant censée parcourir à une vitesse immuable ; où les minutes se griment en heures pour maquiller des journées interminables. Je pars lundi au Bénin, décollage de Marseille à 10h30 direction Paris d’où un plus gros Airbus prendra son envol pour se diriger vers Cotonou, 7 heures de vol, atterrissage à 20h10 puis la cohue, le joyeux désordre de l’aéroport Cardinal Bernardin Gantin et peut-être des bagages absents (cela m’arrive à chaque fois). Je compte les heures qui me séparent de l’embarquement.
J’ai hâte d’y être. Envie d’ailleurs, de respirer un autre oxygène, de ressentir des choses différentes, de remettre en perspective les petits tracas du quotidien, de faire de nouvelles rencontres, d’oublier mes échecs et de repartir de là-bas avec le sentiment que j’ai été utile à quelque chose. Bref, vous l’aurez compris, je trépigne d’impatience.
Mes journées sont pourtant bien remplies et je ne devrais pas m’ennuyer, mais que les nuits sont longues… Je n’arrête pas de faire des allers et retours pour récupérer, qui des téléphones portables (la Société Marseillaise de Crédit m’en a offert 20 dans leur emballage d’origine !), qui du matériel de dentisterie, qui des crayons, qui des vêtements et des chaussures usagés, qui des robes et des tee-shirts neufs offerts par le Hard Rock Café Marseille etc. Le reste de mon temps est partagé entre le Consulat du Bénin, la Bank of Africa où j’ai ouvert un compte que je vais quotidiennement approvisionner avec vos dons, sans oublier les réunions avec des avocats spécialisés en mécénat pour que l’association que je monte soit sur de bons rails dès le début, des appels à droite à gauche pour que je n’ai pas à payer d’excédent de bagages à l’aéroport ou chez Orange pour faire débloquer sans frais les téléphones que l’on m’a donnés…
Bref, j’ai des journées chargées surtout qu’il y a le boulot qui tombe régulièrement, les projets en tout genre sur lesquels je suis consulté, la table ronde que je prépare et que je vais animer 2 jours après mon retour pour le Réseau Entreprendre sur les échanges économiques en Méditerranée, un tournage à Grenoble pour la société HighCo pour la fin du mois et un projet ENORME sur lequel j’ai été sollicité et dont je vous parlerai quand j’en aurai le droit.
C’est bizarre mais toute cette frénésie, toute cette agitation ne parvient pas à me remplir totalement et je compte bien sur le Bénin pour me rassasier.

 
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Ça y est le billet est acheté, le visa est en cours de validation, j’ai presque fini ma collecte d’argent frais (5 285,50 € à aujourd’hui) et je commence ma collecte de vêtements, de médicaments et de matériel en tout genre. Mon ami Laurent Biraud, commandant de bord chez Air France (j’adore écrire “mon ami commandant de bord“, ça en jette grave) va faire en sorte que le chef d’escale à Marseille m’autorise à embarquer un peu plus de 46 kilos de bagages. J’ai déjà récolté du matériel de dentisterie, des brosses à dents, quelques médicaments, bandages, des sacs entiers de vêtements et de chaussures, et je passe mardi récupérer à la SMC des téléphones portables avec leurs chargeurs. Les nouveaux dirigeants de la banque ont un cœur gros comme ça, comme quoi, la finance n’empêche pas la générosité.
J’ai ouvert un compte bancaire vendredi à la BOA (Bank Of Africa) en francs CFA ce qui favorisera les transferts d’argent. J’ai pris à ma charge tous les frais bancaires, frais de transfert, de dépôt afin que chacun des euros qui m’ont été confiés aille sur le terrain. A chaque dépôt de chèque, il faut que vous sachiez qu’il y a 8 € de frais pour moi, idem pour les transferts sur place etc.
L’association “Les Enfants de Togbota“ est sur les rails. Maitre Thierry Chareyre, avocat au barreau de Marseille et Christophe Polidori, commissaire aux comptes et expert comptable, respectivement secrétaire général et trésorier sont en train d’en superviser les statuts (message personnel à leur attention : ce serait bien de vous sortir les doigts du cul et de bosser un peu. Vous avez une chance incroyable de gagner deux places au Paradis en formule all inclusive alors bougez-vous le derche).
Sur place, mon ami Eugène m’attendra à l’aéroport et nous n’aurons pas trop d’une semaine pour rencontrer les personnes que je vais employer pour faire tourner la boutique. Nous allons garder, je l’espère, Constance qui s’occupe de la case des enfants depuis deux ans et Leonel, l’ouvrier agricole qui gère la ferme solidaire. Je vais également voir de quoi a besoin le dispensaire pour fournir les soins nécessaires aux habitants du village.
Comme à chaque fois et encore plus cette fois-ci, je vais être assailli de demandes et suppliques mais il faudra que je sache dire non. J’ai bien peur que les habitants du village ne comprennent pas que je ne remplace pas Urgence Afrique mais que je reprends une toute petite partie des actions que l’ONG menait sur place.
Je vais endosser un autre costume cette année et je n’en apprécie pas trop les coutures. J’ai déjà l’impression que le costume de “président d’association humanitaire“ est trop grand pour moi et je ne sais pas dans quelle galère je m’engage. Je vais devoir rencontrer le chef du village, les propriétaires terriens pour négocier avec eux et je ne suis pas fan… Heureusement que vous êtes là et que demain, vous serez rejoints par des centaines d’autres, quand l’association sera sur pieds (message personnel à Maître Char… je l’ai déjà dit ?)
Dans 8 jours, je serai sous une chaleur écrasante et sous la pluie (c’est la saison des pluies qui commence), à crapahuter dans la boue jusqu’aux chevilles avec des moustiques comme compagnons et deux bouteilles d’eau pour faire ma toilette. J’ai hâte d’y être pour vous raconter cette nouvelle expérience sur place.
Stay tuned !


J’ai vécu beaucoup de Noël (du fait de mon âge avancé). Les plus beaux restent ceux que j’ai vécus en compagnie de mes enfants lorsqu’ils étaient encore trop petits pour découvrir que le Père Noël était un usurpateur, un mensonge barbu destiné à vendre du Coca-Cola et des biens de consommations à une population en perte de repères.
Je me souviens en particulier de certains petits matins extraordinaires où les regards hallucinés de mon fils et ma fille le disputaient à l’avidité avec laquelle ils se jetaient sur leurs cadeaux. Leurs yeux brillaient de mille feux incandescents lorsqu’ils découvraient que durant la nuit, un étrange visiteur était venu déposer leurs cadeaux au pied du sapin. Je me remémore notamment un Noël où nous avions déposé des dizaines et des dizaines de petits paquets sur le paillasson de l’appartement où nous nous trouvions et qu’un complice avait sonné à la porte pour ensuite se cacher dans les escaliers. Je me souviens encore de la tête de mon garçonnet qui n’en revenait pas de voir l’impressionnant monticule qui le toisait.
Aujourd’hui, Noël a perdu de sa magie et ils attendent sans trop de ferveur des cadeaux qu’ils ont choisi bien souvent eux-mêmes. La surprise et l’étonnement sont feints par politesse mais tout cela a un goût un peu fade pour moi qui les ai vu chavirer de bonheur et de joie en déchirant frénétiquement le papier cadeau opaque qui occultait à leur appétit d’enfants les merveilles que le Papa Noël leur avait choisies après lecture de leurs lettres ; longue liste de souhaits et de prières souvent exaucées.
Mardi, j’ai fait un bond en arrière et je suis retourné à l’essence même de l’esprit de Noël. Un Noël à Togbota, c’est être un explorateur qui découvre un continent, un anthropologue dénichant des idéogrammes prouvant l’existence d’une civilisation inconnue. Vous avez l’impression d’être au cœur même de “l’esprit de Noël“. Ici, point de sapins, de guirlandes, de cadeaux et de messes ennuyeuses et convenues. Ça chante partout, cela danse, crie, joue, prie… Les enfants courent en riant et en tapant sur des tam-tams improvisés à partir de casseroles recouvertes d’un simple sac en plastique tendu. Ils frappent avec frénésie sur des assiettes en plastique à l’aide d’un bâton de bois ramassé à même le sol ou ils font bruler des bougies sur de grands plateaux couverts de modestes offrandes : bouteille en plastique vide, petits piments, banane etc. Ce qui pourrait sembler famélique à l’occidental est féérique pour eux et cette joie est diablement contagieuse.
Pour l’occasion, j’avais emmené de France un bloc de foie gras et une demi-bouteille de Champagne (ma valise pesait déjà 28 kilos et je n’ai pas pu prendre plus de choses). Nous avons été 15 sur la bouteille de Champagne et les chanceux qui ont pu tremper leurs lèvres dans les coupes en plastique que nous avions trouvées au Super U de Cotonou ont réagi en tirant de grands sourires : “c’est bon !“ articulaient les apprentis sommeliers curieux de goûter pour la première fois de leur vie à cette étrange breuvage. Le foie gras n’a pas fait long feu non plus et faute de pain, certains l’ont dégusté sur des bananes plantains… Pas sûr que Ducasse approuve mais la marchande de pain la plus proche était à 2 heures de route et de pirogue…
J’avais également emmené de quoi écouter de la musique et nous avons dansé toute la soirée à en faire trembler la terrasse en bois de la case où se tenaient les Agapes. Les enfants exultaient et nous chantions à tue tête des chansons d’Eddy Mitchell ou de Dave dans un désordre bon enfant.
Il semblait surnaturel d’entendre “Du Côté de chez Swan“ hurlée par des enfants qui ne comprenaient rien de ce qu’ils chantaient mais qui répétaient les paroles que je prononçais.
Nous nous sommes faits dévorer par les moustiques mais peu importe : nous étions vraiment heureux d’être là. Lucie, la bénévole qui m’accompagnait durant ce séjour, m’a confié que c’était le plus beau Noël qu’elle ait jamais passé sur Terre et je veux bien la croire.
Le lendemain, nous avons distribué les vêtements que les donateurs nous avaient confiés et nous avons encore fait des heureux par dizaines.
Je finis ce texte de France où je viens d’atterrir. Dur dur de reprendre pied dans un pays qui est pourtant le mien et que je n’ai guère quitté très longtemps, mais qui semble s’éloigner de plus en plus de l’essentiel.
Je sais que ce spleen ne durera pas et que la réalité des choses reprendra le dessus. Je me ferai à nouveau à ma vie gâtée d’occidentale mais Dieu que la transition est difficile…
Reste le bilan plus que positif de cette expédition : un château d’eau bâti, un puits avec une pompe alimentée par un groupe électrogène flambant neuf, un système d’irrigation couvrant 4 hectares de cultures, un pulvérisateur à moteur, 50 kilos d’herbicide, tout le matériel nécessaire pour la construction d’un poulailler, une dizaine de téléphones portables distribués, près de soixante kilos de vêtements donnés, des médicaments pour le dispensaire, 4 tables et 14 tabourets fabriqués et achetés pour l’ouverture d’un petit maki (restaurant béninois placé sur le bord de la route) qui va sauver de la misère un homme sans travail.
Un proverbe africain dit : “si tu as de nombreuses richesses, donne ton bien. Si tu possèdes peu, donne ton cœur“. J’ai l’impression d’avoir convoyé un peu des deux en me rendant là-bas.
Merci à tous les donateurs pour m’avoir donné leurs biens ET leurs cœurs.

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Je vous écris en baillant, ce qui n’est pas impoli puisque vous ne voyez pas mes mâchoires s’éloigner l’une de l’autre, mettant à nu mes amygdales dans une sorte de strip-tease buccale indécent. Je suis crevé pour faire moins littéraire.
Réveil brutal à 6h30 par la charmante Lucie qui est venue dans ma chambre affolée car “il y a des gens bizarres en bas qui vident le local des cartons qui y sont entreposés“. Après avoir attendu que mon rythme cardiaque retombe sous les 200 pulsations par minute, je suis donc descendu à moitié endormi voir ce qu’il se passait au rez-de-chaussée, plus par souci de rassurer Lucie que mue par une réelle inquiétude. C’est drôle mais le Bénin est le seul pays au monde dans lequel je me sens à 100% en sécurité : le taux de criminalité est proche de celui d’un village des Vosges hors saison et la bonhommie des gens rend optimiste et fait croire en l’homme.
En scrutant le bas de la pièce, j’aperçus les dents blanches de Danièle, le gardien, briller dans la nuit. Il me souriait et m’expliqua qu’ils chargeaient les video-projecteurs destinés à équiper des écoles de Cotonou.
Je suis remonté rassurer Lucie et me recoucher sous la moustiquaire dont je n’aurais jamais voulu sortir. J’avoue qu’en passant devant elle, une envie de lui taillader le corps à coups de coupe-coupe m’a traversé l’esprit mais n’ayant pas d’objet contondant sous la main, je lui fis signe que je regagnais mon lit et l’invitais à en faire de même. Comme quoi la séparation qui existe entre le meurtre et le sommeil peut être ténue.
A 9h00, Leonel (et non Lionel comme je l’ai écrit dans un précédent article), le jeune technicien en agronomie était censé me récupérer. Ayant oublié que le temps était à l’Afrique ce que la gastronomie est aux anglais, j’ai patienté… longtemps. 10h30, Leonel arrive tout sourire et quand je lui fais remarquer (aimablement, vous me connaissez) qu’il avait 1h30 de retard, celui-ci me répondit d’une voix doucereuse : “il y avait du monde sur la route“. Là encore, il fut bien heureux qu’aucun coupe-coupe ne se trouve à ma portée. Le fameux quart d’heure marseillais prend ici des proportions que même un fonctionnaire du Conseil Général des Bouches-du-Rhône condamnerait.
Nous filons ensuite à l’autre bout de la ville où nous avions “rendez-vous“ (Dieu que ce mot est drôle ici) dans une boutique agricole pour acheter du matériel pour la ferme. Quand Léonel a coupé son moteur, j’ai cru à une panne car je ne voyais aucun Leroy Merlin ou une grande surface y ressemblant à l’horizon. En lieu et place du magasin auquel je m’attendais, se tenait une échoppe de 20 mètres carrés débordant de ferraille, rouillée pour beaucoup, un grand nombre de serrures imitation Louis XVI, un râteau, des rouleaux de grillage de toutes tailles, des clous, un marteau usé…
Après avoir serré la main du propriétaire et de sa femme qui était posée sur une chaise, un bomba (boubou traditionnel béninois) bleu sur le dos, la caisse tenue fermement entre ses mains, j’ai demandé à voir le pulvérisateur que nous étions venus acheter. L’homme a disparu sans un mot dans l’obscurité de sa cahute pour en ressortir un antédiluvien pulvérisateur à essence. J’ai demandé naïvement s’il n’y en avait pas un “neuf“ dans son stock mais le professionnel m’expliqua que cela n’existait pas au Bénin mais qu’il marchait très bien et qu’il m’offrait une garantie de 3 mois. Heureusement.
Après avoir essayé de le faire démarrer sans succès, il a fallu changer quelques pièces pour que nous puissions entendre la douce sonorité du moteur à explosion crépiter. Puis ensuite, il a encore fallu démonter quelques éléments, ajouter quelques vis ça et là pour que le tuyau puisse enfin cracher le liquide que nous avions placé dans le réservoir afin de simuler le travail de pulvérisation. Nous avons également fait l’acquisition de tout le matériel nécessaire pour la construction d’un poulailler  (qui servira à fabriquer de l’engrais pour les cultures) : 3 rouleaux de grillage et 15 kilos de clous.
Nous avons passé 2 heures au soleil à finaliser l’acte d’achat : 617 000 FCFA. En attendant que les “mécanos“ solutionnent tous les problèmes que leur posait ce pulvérisateur venu d’un autre temps, je me suis amusé avec quelques enfants qui trainaient en haillons dans la rue. J’avisais alors un marchand ambulant qui vendait… de tout (huile pour moteur, roue de vélo, bonbons, écrous, porte clefs, lampes torche, ballon de football, chewing gum…) et j’entreprenais alors avec lui une rude négociation qui ferait passer un sommet européen pour une réunion Tupperware. En jeu : l’achat d’un ballon de football. Etant blanc de peau, le prix du ballon connu une inflation orbitale mais je résistais tant bien que mal et réussis à arracher mon ballon pour un prix acceptable pour un “yovo“.
Je me suis alors dirigé vers mes 4 petits béninois qui, désœuvrés, ne savaient pas trop comment s’occuper (ils jouaient avec un sac en plastique). L’un d’eux (je me souviendrai longtemps du regard qu’il m’a lancé et du sourire qui a barré son visage poupon) m’a alors vu me diriger vers eux avec le ballon entre les mains et il a crié le seul mot que j’ai compris de sa bouche : “ballon !“. Je leur ai lancé l’objet du désir et ils se sont précipités dessus comme des chiens sur un os.
J’ai alors pensé que j’aimerais bien voir le même éclat de joie dans les yeux de mes enfants quand ils ouvriront leurs nombreux cadeaux de Noël dispendieux… On peut rêver.
Je vous raconterai la suite de ma journée (et il y en a !) une autre fois car je meurs de sommeil et il est déjà 22h32 ! Une heure très tardive pour nous ici.

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Aujourd’hui nous avons pris la piste pour rejoindre le village reculé de Togbota que j’ai découvert il y a 4 ans en me perdant en Afrique. Il est amusant de constater que c’est en voulant me perdre que je me suis trouvé, au milieu de toute cette humanité et ce fleuve de gentillesse qui coule de toute part dans ce petit pays qu’est le Bénin.
Là-bas, j’ai retrouvé tous ces visages qui me sont devenus familiers au rythme annuel de mes visites puis nous sommes allés immédiatement en pirogue à l’endroit où la ferme solidaire a été établie. Placée sous la férule de Lionel, un jeune homme fraichement sorti du lycée agricole de Cotonou, la vision de cette ferme m’a ému. Oui, ému. J’ai rarement ressenti un tel sentiment de fierté. Pourtant, j’ai la chance d’exercer un métier artistique qui me place assez souvent en lumière. J’ai connu le succès au théâtre, sur des scènes nationales, des diffusions en prime-time sur TF1 et encore récemment, sur la scène de l’Espace Julien, j’ai récolté une flopée d’applaudissements dans une pièce très personnelle que j’avais écrite seul. Cela aurait du être l’acmé de ma fierté et pourtant, non. Ce que j’ai ressenti hier était moins tonitruant, moins bruyant, plus discret mais plus fort. Ce succès était moins personnel aussi, c’est sans doute aussi pour cela que j’ai ressenti une telle vague de chaleur monter en moi. Le succès est plus fort quand il est sécable.
Tous les donateurs étaient avec moi dans ce champs écrasé par la chaleur et l’humidité, à contempler notre œuvre : un château d’eau était en train de s’élever sous la truelle de maçons appliqués, un puits creusé attendait sa pompe et le système d’irrigation se dessinait grâce aux piquets plantés dans le sol par une équipe d’hommes qui mesuraient et choisissaient avec précision l’emplacement des rigoles en fonction du dénivelé du terrain.
Devant moi, 4 hectares de plantations et une phrase prononcée par Lionel qui m’a fait chaud au cœur. Alors qu’il m’expliquait un tas de choses en rapport avec les plantations (dont je n’ai pas compris la moitié, faisant mourir une à une, les plantes que je ramène d’Ikea), il a sorti : “la sécheresse est terrible cette année et je dois dire que le château d’eau est une bénédiction. Il va sauver notre saison.“ Quand vous entendez ça, vous vous dites que toute l’énergie passée, tout le temps consacré à collecter des dons n’a pas été vain. Non seulement, cette installation va sauver LA saison mais également toutes celles à venir puisqu’elle est là pour un long moment…
Une femme courbée dans un champs, portant l’habit traditionnel, ramassait des piments dans cette nouvelle ferme solidaire et Lionel m’expliquait qu’il avait fallu faire un gros travail de persuasion auprès des hommes et des femmes du village qui ne croyaient pas que la sécheresse puisse être vaincue par un tel système. La modernité, ici, est regardée de travers. Ils sont en train de se rendre compte, hagards, que la culture est possible même sans pluie.
Une moto pompe (financée par les donateurs) sera installée lundi pour pomper l’eau et alimenter le château d’eau. Fin des travaux prévus : jeudi. Ils ont mis les bouchées doubles pour que j’assiste à la fin des travaux et 8 personnes travailleront mardi encore sur le chantier du château d’eau, sans compter ceux qui bossent sur le système d’irrigation. Ce n’est pas le tunnel sous la Manche mais ça y ressemble.
Avec l’argent qui nous reste, nous allons acheter lundi un pulvérisateur à moteur, du matériel pour bâtir un poulailler (dont la fiente servira d’engrais) et de l’engrais chimique qui couvriront tous les besoins agricoles pour 2014.
Elle est pas belle la vie ?

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Ça y est, je suis arrivé à Cotonou, dans cette ambiance unique composée d’un joyeux désordre et d’une lenteur gastéropodesque. Après divers retards aériens cumulés, nous sommes arrivés dans le petit aéroport de la capitale économique du Bénin que j’ai découvert en travaux. Il en avait bien besoin et sans ressembler tout à fait à Kennedy Airport, il pourra bientôt passer pour un vrai “aéroport“.
Après le contrôle de la douane ou 3 fonctionnaires corrompus et fatigués tamponnaient mécaniquement votre passeport après avoir fait mine de le contrôler, vous devez passer à l’étape la plus cruciale, la plus dangereuse de votre voyage. Cela ressemble à une immense loterie où des centaines de joueurs prient pour remporter le gros lot : récupérer leurs bagages. Le suspens est insoutenable, l’attente interminable : 1 heure. Imaginez les passagers d’un A340, agglutinés autour d’un tapis roulant qui serpente dans une salle étroite et crachant au compte goutte quelques bagages éparses qui tournent et retournent devant vous sans que personne n’en veuille. Vous repérez dans un coin de la salle, une montagne de bagages entreposée sans surveillance et cela vous angoisse car vous savez par expérience ce que ce monticule signifie : ce sont toutes les valises perdues des vols précédents qui attendent leurs propriétaires.
Les bagages ne ressemblent pas à ceux que l’on voit tourner dans les rutilants aéroports modernes d’Asie ou d’Amérique du Nord. Point de Delsey ou Samsonite ici, non… mais de gros sacs en plastique filmés, d’immenses cartons renfermant on ne sait quelle marchandise et sur lesquels se jettent des porteurs en blouses bleues guidés par les mains autoritaires de leurs riches propriétaires. Etant donné que chaque africain revenant au pays se charge d’une multitude de produits introuvables dans son pays, ce petit espace réduit ne désemplit guère au fur et à mesure que les bagages arrivent. En effet, il en manque toujours un pour pouvoir déguerpir…
Quant à nous et nos 5 bagages en soute, nous avons pu voyager avec pas loin de 100 kilos de marchandises grâce à l’intervention d’un ami à moi (le plus vieux que je me connaisse puisque nos mères se fréquentaient alors que nous n’étions que des embryons d’être humains) qui est commandant de bord sur Air France. Grâce à quelques appels bien placés, il a pu nous faire embarquer sans supplément, tous nos bagages remplis de VOS affaires. Nous avons économisé 200 € grâce à lui : que le commandant Lolo soit ici remercié.
A l’arrivée, j’ai été accueilli par mon ami Eugène et par la maman de Georgiana qui était venue récupérer des affaires que lui faisait passer sa fille par mon entremise. Des biens précieux qui ne pouvaient transiter par la poste : 5 boîtes de Caprice des Dieux et une cafetière à pressoir made in Ikea. Elle semblait ravie de ses cadeaux (surtout le Caprice des Dieux) et nous avons pu ensuite quitter l’aéroport avec un seul objectif : se sustenter et dormir d’un sommeil réparateur. Demain : tri des vêtements et des affaires ramenées et établissement d’un programme pour la semaine.

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Bientôt les habitants de Togbota aussi, auront leur château d’eau ! Grâce à vous. Car, oui, on y est arrivés ! J’ai collecté 4 440,00 € ! Quant à Lucie, la bénévole qui va m’accompagner pour ce voyage, elle a récolté de son côté 695 €. L’argent qui est “en trop“ servira à l’achat de fournitures scolaires.
Mais nous partons également avec 92 kilos de marchandises que vous m’avez confiées : costumes, chaussures, tee-shirts, chemises, shorts, affaires pour bébés, médicaments, lunettes de vue, téléphones, appareils photo, on m’a même donné un fax ! Bref, tout est réuni pour faire plaisir et construire un bâtiment “en dur“ qui soit pérenne et qui apporte à la population une vraie solution pendant les périodes de sécheresse.
Vraiment un grand merci à tous les donateurs car ce n’était pas gagné au départ. On m’avait même orienté vers un site internet de collecte de dons répondant au nom étrange de kisskissbankbank mais un monsieur a répondu à ma demande de candidature que mon dossier était “trop léger“ pour eux et que j’aurais, selon lui, “du mal à récolter“ les 1 500 € que je visais… Vous verriez pourtant les dossiers qui sont acceptés ! Et les sommes indécentes qu’ils arrivent à collecter  !! Plus de 4 000 € pour une pièce de boulevard écrite du pied gauche et abordant avec finesse et un certain sens de l’à propos la drolissime thématique des “belles mères“, sujet rarement abordé au théâtre… Bref, il faut de tout pour faire un monde et je ne juge pas.
Mon dossier était peut-être trop léger pour ce “monsieur“ mais nous partons avec près de 5000 € là-bas et nous allons faire des milliers d’heureux !
Alors encore une fois : merci à tous les donateurs. Dans une semaine, un tas d’enfants et de parents se promèneront sur les chemins boueux qui serpentent entre les cases du village, avec VOS affaires sur le dos. Merci de votre confiance surtout pour tout l’argent que vous m’avez confié.
Je peux vous garantir que pas un euro n’ira se perdre en frais divers et variés et qu’ils seront TOUS consacrés à l’érection de ce château d’eau, la construction d’un système d’irrigation et l’achat de fournitures scolaires nécessaires pour faire tourner l’école.
Cochon qui s’en dédit !

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Je me permets de vous relancer car on est pas loin du compte mais il faudrait vous mobiliser autrement qu’en m’encourageant verbalement. La bonne nouvelle est que j’ai été rejoint dans ma quête par une amie qui a décidé de partir avec moi à la rencontre des “sauvages africains“. Elle a commencé une collecte dans son coin et a récolté plus de 350 €. Désireuse depuis longtemps d’aller à la rencontre de ces êtres étranges que sont les béninois (qui arrivent à être heureux en ne possédant rien), elle m’a demandé si elle pouvait se glisser dans mes bagages, ce que j’ai accepté bien volontiers. Je l’ai bien prévenue que ce n’étaient pas des vacances et que la clim était, là-bas, un concept à peu près aussi abstrait que le sens de l’humour pour un taliban mais elle a persisté dans son obstination et elle va mettre sa vie personnelle entre parenthèses.
J’en suis pour ma part à 1 500 € récoltés soit au total à peu près la moitié de ce qu’il faut pour bâtir un château d’eau avec son système d’irrigation.
Alors s’il vous plait, sortez les doigts de vos poches et plongez-les dans votre porte monnaie pour m’envoyer 20 euros (ou plus) afin que l’on puisse y arriver. J’en ai parlé là-bas et ils m’attendent comme le messi. J’ai reçu les devis d’entreprises “certifiées“ par l’association Urgence Afrique et il me faut 3 900 € pour construire ce système d’irrigation.
Grâce à vos dons, une ferme solidaire pourra voir le jour. Fini les pénuries d’eau grâce au bâtiment qui collectera et stockera les eaux de pluie afin que les agriculteurs puissent arroser bananiers, ananas et piments. C’est pas le top, ça ?
Je vous rappelle également que je peux emmener 2 valises de 23 kilos (+ 2 valises de 23 kilos de la bénévole qui s’envolera avec moi) là-bas et que donc, vos jouets, médicaments, vieux téléphones portables (seuls moyens de communication sur place), vêtements d’été, chaussures… peuvent trouver une seconde vie sur place.
BOUGEZ-VOUS !
Chèque à l’ordre de Jeff Carias à envoyer ici :

Broken Arms Company
Opération Bénin 2013
2, rue Sainte Victoire – Marseille 13006

Je pars à Noël faire une mission humanitaire au Bénin et j’aurais besoin de vous. Enfin… de votre argent. Je cherche à collecter un maximum d’argent afin de l’injecter dans l’économie locale et acquérir du matériel scolaire, de l’alimentation riche en protéines pour les enfants en bas âge, du lait en poudre etc.
L’an dernier, j’avais récolté 3 200 € et j’avais pu acheter ceci : 738 mètres de tissu pour habiller 514 enfants, 150 kilos de lait maternel fabriqué sur place dans une coopérative de femmes agricultrices (7 familles ont gagné de l’argent grâce à cet investissement dans leur production), 947 biscuits au soja riches en protéines, 520 stylos Bic, 104 boîtes de géométrie, 532 cahiers, 104 livres de conjugaison et 1000 bâtons de craie.
L’argent récolté est allé INTEGRALEMENT dans l’économie locale car, contrairement aux associations, il n’y a pas de frais de gestion puisque je prends tous les frais à ma charge. J’attends vos dons avant le 18 décembre par chèque (à l’ordre de Jeff Carias) ou virement à cette adresse :

Broken Arms Company
Opération Bénin 2013
2, rue Sainte Victoire
13006 Marseille

L’an passé, j’avais réalisé un petit film sur l’opération que vous pouvez regarder ici. J’attends vos dons. Je sais que c’est dur en ce moment mais même avec 5 € on peut accomplir de grande chose sur place alors fouillez bien le fond de vos poches…

Merci.

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Cela fait plaisir de compter dans son agenda quelques amis de qualité. Il en est un qui vit à des milliers de kilomètres d’ici, dans un pays chaud et orageux que j’ai eu le bonheur de découvrir en 2009 et que je visite régulièrement : le Bénin. Eugène travaille pour l’association Urgence Afrique et il est l’heureux papa de deux enfants (ce qui est peu pour un africain pour qui avoir moins de 15 enfants est un signe de paresse sexuelle ou d’un manque total d’ambition).
Calme, taiseux, ne parlant que lorsqu’il a quelque à dire, il observe son environnement avec l’attention de celui qui apprend en toute circonstance. L’autre jour, j’ai eu le bonheur de trouver un petit courriel de lui dans ma boîte aux lettres virtuelle. Un courriel pour rien, juste comme ça, pour faire plaisir. Je n’ai pas résisté à l’envie de vous le faire partager in extenso :
“Si le bonjour était une tasse de thé, je te l’aurait déjà servi; bien chaud, bien sucré é bien aromatisé juste pour te faire plaisir. Que Dieu te comble de joie et de bonheur infini. Bonne journée mon ami.“
C’est pas beau ça ? Ça donne la pêche et vous emplit d’espoir pour la journée, moi je vous le dis. Si en plus de cela, vous avez mis un disque de Marvin Gaye à tourner, vous n’êtes pas loin du Nirvana (attention de ne pas vous tromper en mettant un disque de Nirvana qui peut vous rendre gay).
J’ai vraiment hâte de le retrouver, sans doute au mois de décembre, pour passer les fêtes de Noël au milieu de la forêt avec tous les villageois de Togbota.

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