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Ce midi, j’ai invité à déjeuner mon ami d’enfance, mon plus vieil ami sur Terre et dans les airs, celui qui était dans le ventre de sa mère alors que je résidais confortablement dans celui de la mienne. Nos grands frères étaient amis et nos mamans se rencontraient parfois au parc où nos aînés jouaient au ballon pendant que nous poursuivions notre croissance à l’abri du chaos du monde.
Chaque dimanche, chaque mercredi, chaque vacances scolaires, nous les passions ensemble. Ses parents, brillants scientifiques, faisaient l’objet de mon admiration car je ne comprenais pas un traître mot de leurs conversations (essayez de discuter avec un astrophysicien reconnu et une prof agrégée de mathématiques !). J’avais parfois l’impression d’être le gentil copain un peu débile de leur fils mais je m’accrochais. J’essayais laborieusement le soir, alors qu’ils regardaient dans une ambiance cénobitique, “Les Chiffres et les Lettres“ sur leur téléviseur en noir et blanc, de trouver des mots de plus de 3 lettres et de m’approcher à quelques dizaines près du “compte est bon“ mais je ne pouvais lutter contre leurs facultés mentales bien supérieures aux miennes. C’est la tête basse que je regagnais chaque soir mon foyer où je tentais, au cours du dîner familial animé, de placer maladroitement les mots savants que j’avais appris auprès d’eux.
Des années plus tard, nos trajectoires estudiantines ont poursuivi leurs dynamiques opposées : Laurent fit l’école des pilotes de ligne alors que je m’inscrivais en BTS Action Commerciale… Nous nous sommes perdus de vue durant des années jusqu’à ce qu’un jour, ma sœur entende la chef de cabine d’un vol intérieur d’Air France, annoncer que le commandant Laurent B. était aux commandes de l’Airbus A319 dans lequel elle se trouvait. Ni une ni deux, elle demanda à le voir dès l’atterrissage et c’est ainsi que nous avons pu nous “reconnecter“.
Durant près de 3 heures cet après-midi, nous nous sommes remémorés nos jeux d’enfants, racontés nos vies, nos parcours, nos échecs, nos joies et nos peines. Je l’ai remercié vivement pour tout ce qu’il fait pour mon association “Les Enfants de Togbota“, notamment les surplus de bagage pour lesquels il s’arrange toujours (sans parler des surclassements en business class !).
Bref, à l’occasion d’une escale marseillaise, j’ai retrouvé mon ami d’enfance qui s’envolera demain pour Paris puis Moscou. Je suis heureux de voir que 47 années n’ont pas réussi à nous séparer ou à effacer nos merveilleux souvenirs de gosses insouciants. Nous ne vivons pas dans la même ville et c’est une chose que je regrettais au moment de nous séparer. Je connus un petit pincement au cœur et m’interrogeais intérieurement : quand nous reverrons-nous ?
Une jolie citation dit que “L’amitié est comme les vins vieux, les années la rende plus précieuse“. Laurent est sans nul doute une des plus précieuses bouteilles de ma cave.

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J’aime bien vous confier mes moments de solitude, ces instants où la gêne me submerge, où l’embarras m’engloutit sous un torrent de honte. Lorsqu’il m’arrive de vivre de telles déconvenues, je songe immédiatement à vous, mon modeste mais fidèle public, ainsi qu’au récit que je vous en ferai ici. Cela me permet de mieux vivre ces instants douloureux, ces passages dégradants que je traverse généralement seul, la tête basse, l’âme en bandoulière.
Je ne suis pas infatué de ma personne et n’ai point peur du ridicule, ce qui m’offre une protection contre la bêtise qui semble contaminer chaque jour un peu plus, nombre de mes contemporains, tristes fâts imbus de leur ego et amoureux de leur image.
Voici donc l’histoire que j’ai à vous conter aujourd’hui… Un ami à moi s’est jeté dans le sport il y a maintenant 2 ans, sans aucune retenue. Nous avons le même âge et la même peur de mourir mais il semblerait que cette crainte et son corollaire (la peur de vieillir) l’ait foudroyé un beau jour alors qu’il sirotait une bière devant sa télévision. Ayant décidé de prendre le taureau par les cornes, il se jura de retrouver son corps de 20 ans et mit les moyens pour atteindre cet ambitieux objectif : achat d’une bicyclette de compétition et de baskets avec semelle extérieure en caoutchouc dotée de rainures flexibles pour une adhérence et une résistance accrues, sans oublier un tas d’autres articles de sport qui firent la fortune du magasin Go Sport de Marseille Grand Littoral.
Dès potron minet, mon ami enfourchait son vélocipède pour avaler toujours plus de kilomètres. Quand il quittait la petite reine, c’était pour enfiler ses Nike Air et aplatir du macadam pendant des heures avant de rentrer chez lui pour enchainer avec 300 abdominaux. Fort de ce régime digne d’un commando de marine, ses kilos fondirent comme beurre au micro-ondes et il vit ré-apparaître avec joie la tablette de chocolat qui avait fugué il y a 20 ans sans laisser d’adresse. Ensevelie sous une épaisse couche de cholestérol durant toutes ces années, elle fut bien en joie de sortir de son linceul de graisse.
Après deux années d’efforts quotidiens, mon ami a retrouvé le jeune homme qu’il avait perdu de vue dans le miroir de sa salle de bain et il en était fier, ne cessant de m’égrener son poids en chute constante alors que le mien faisait le chemin inverse.
L’athlète qu’il est redevenu s’est inscrit au triathlon de Marseille qui se déroulait dimanche dernier. Il s’était durement entrainé pour le boucler dans un temps acceptable (comprenez, qu’il avait doublé ses rations de kilomètres) et c’est avec surprise que je l’entendis me demander de courir avec lui les 10 kilomètres de course à pieds qui terminaient l’épreuve. Il souhaitait que je l’ “entraîne“, que je lui imprime le rythme afin de lui donner une nouvelle impulsion après les 40 kilomètres de vélo et le kilomètre et demi de natation qu’il venait de se manger. Je répondis présent, tout heureux de pouvoir servir de sparing partner à celui qui me sert de modèle depuis mes années Sup de Co. Je n’ai jamais réussi à m’imposer sa discipline de fer mais le fait qu’il ait besoin de moi pour terminer une épreuve sportive avec les honneurs, me comblait d’orgueil.
(à suivre)

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