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Mon actualité

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J’aime vous ouvrir de temps à autre mon album souvenirs, mon carnet secret où je couche mes expériences passées, mes anecdotes que j’essaye toujours de rédiger sous le trait de l’humour et du décalage. C’est ma façon à moi de prendre du recul par rapport aux événements joyeux ou tristes que je traverse, de me tenir à bonne distance du pathétique et me prémunir de trop grandes désillusions.
Il m’est revenu aujourd’hui une histoire qui m’est arrivée il y a quelques temps déjà. Je vais vous conter un épisode (véridique) de ma vie alors que je pensais avoir rencontré la pièce manquante au grand puzzle de ma vie.
Pour elle, je m’étais transformé en laquais, en tourtereau transi d’amour prêt à tous les sacrifices pour satisfaire le moindre de ses désirs et mieux encore : les anticiper. Mes amis ne me reconnaissaient pas et certains se moquaient de ce romantisme suranné dont je débordais. Bref, j’aimais comme jamais et je suivais l’ombre de sa main comme un toutou affectueux et obéissant. Attentions multiples et variées, il ne se passait pas un jour sans que mon imagination ne s’accorde au diapason de mon cœur pour trouver l’idée qui illuminerait son regard. Je n’ai, hélas, pas souvent trouvé de lueurs dans ses jolis yeux durant les quelques semaines qu’a duré notre relation mais je mettais ses silences sur le compte de la pudeur et cela ne m’empêchait nullement de continuer à lui faire la cour avec frénésie.
Pour elle, j’ai vidé son lave-vaisselle (je vous jure !), j’ai nettoyé ses plaques de cuisson encrassées (avec une éponge ! L’horreur pour moi qui suis épongiphobe), j’ai fait des courses dans des magasins un samedi après-midi, vidé ses poubelles et même fait du tri sélectif ! Et je ne vous parle pas des petits cadeaux destinés à transformer ses journées en Noël quotidien. Et le plus beau est que je faisais tout cela avec le sourire aux lèvres.
Un jour, je lui proposai de terminer les travaux qu’elle avait entamés dans ses WC deux mois auparavant sans jamais les terminer. Son entrée était embarrassée de pots de peinture et de bouteilles de White Spirit et je me suis dit que ce serait une belle preuve d’amour que de lui donner la main, moi le néophyte complet question bricolage, moi qui fais appel à une entreprise pour changer un interrupteur et qui n’ai pas tenu un pinceau depuis le cours préparatoire.
Je reçus l’autorisation de la Kommandatur (elle était très autoritaire) de passer une dernière couche d’enduit et donc, un matin, je revêtis ma tenue de combat (un simple caleçon) pour mener à bien cette tâche qui allait m’amener, espérais-je, à pénétrer durablement le Valhalla de ses sentiments. Je ne savais pas encore que ces travaux serviraient de sépulture à notre amour défunt.
J’étudiai avec attention la notice inscrite sur le pot d’enduit et me consacrai à ma mission avec la précision d’un Léonard de Vinci et le souci de bien faire d’un Maître Compagnon de France. Je passai 2 bonnes heures à enduire les murs de cette pâte collante en essayant de ne pas trop penser au travail urgent que je devais rendre le lendemain. Quand on aime, on ne compte pas.
Quand je quittai son appartement, j’avais le cœur gonflé d’orgueil et de fierté. J’avais réussi ! J’étais heureux de lui avoir fait ce cadeau, un peu à la manière d’un enfant fabriquant en cachette un collier de pâtes pour l’offrir à la Fête des Mères.
Je reçus un SMS quelques heures plus tard me remerciant pour mon labeur. J’étais heureux de l’imaginer ébaubie dans ses toilettes, se murmurant à elle-même : “quelle chance d’avoir trouvé un homme qui me gâte autant !“
“Mission accomplished !“, pensais-je, tel le George W. Bush du bâtiment ; mais le soir, quand je rentrai chez elle, l’ambiance fut tout autre. Je la savais capable de brusques changements d’humeur (bipolarité ?), mais je ne réussis jamais à m’y habituer.
Alors que je pensai être honoré tel un soldat rentrant du front, je me fis gronder comme un garnement à qui l’on jette à la gueule son collier de pâtes en vociférant : “c’est quoi cette merde ? Tu crois que je vais porter un truc pareil autour du cou ?“
Elle me convoqua rapidement dans ses toilettes, m’intima l’ordre de fermer la porte derrière nous et de l’écouter attentivement. Je n’eus d’autre choix que de m’exécuter sinon c’était la Cour Martiale et un transfert à Guantanamo où des militaires m’auraient appris à respirer sous l’eau dans une baignoire.
Nous voilà tous les deux enfermés dans un cabinet de toilettes n’excédant pas 1,5 m x par 1 m pour une réception de chantier où je ne fus pas à la fête… J’avais apparemment très mal travaillé et ce n’était pas “du tout comme cela qu’il fallait faire“. Ma compagne m’expliqua que mon initiative était une catastrophe pour elle et que loin de lui faire plaisir, lui procurait bien du soucis ainsi qu’un travail de ponçage conséquent et fastidieux à venir. Elle ajouta à ses griefs le fait que depuis que j’avais voulu dépanner son ordinateur, celui-ci marchait beaucoup moins bien, qu’elle recevait également de nombreux spams depuis que je lui adressais des mots d’amour par mail et que j’avais abimé la serrure de sa porte d’entrée depuis qu’elle m’avait confié un double de ses clefs. Bref, mon dossier s’épaississait dangereusement…
J’avais le sentiment de me trouver devant un professeur qui me rendait un zéro pointé en m’humiliant devant toute la classe. Pourtant… il me paraissait bien ces murs à moi… Surtout pour des WC… Mais elle m’expliqua avec dureté qu’elle était très exigeante et qu’elle ne donnait pas le même sens que moi au mot qualité.
Penaud, déconfit, je lui répondis en bredouillant des excuses, que dès le lendemain, je corrigerai ce travail de sagouin dont elle avait fini par me convaincre et que je poncerai ces murs pour les rendre aussi lisse qu’une peau de bébé. Elle m’avertit alors qu’elle ne tolérerait aucune poussière dans son appartement et qu’il fallait que je prenne toutes mes précautions afin d’éviter une plus grande catastrophe.
Autant vous dire que la pression sur mes épaules était grande quand, le matin suivant, je m’enfermai dans ses toilettes que j’avais calfeutrés afin qu’aucune poussière ne vagabonde. Cloitré dans les sanitaires, l’air fut rapidement irrespirable pour mes poumons et je pense qu’il doit encore s’y trouver des résidus d’enduit qui déclencheront sans doute un cancer prochain. Bref, après plus d’une heure passée à frotter vigoureusement les murs, je faisais glisser, satisfait, un doigt sur les parois immaculées afin d’en contrôler la douceur et la régularité.
Un manteau blanc de poussière m’habillait mais j’avais prévu un ensemble de papier journal disposé sur le sol afin de guider mes pas jusque dans la salle de bain sans risquer de tâcher le précieux carrelage de ma dulcinée. Une fois lavé, je décidai de passer l’aspirateur puis la serpillère afin de supprimer toute trace de mes efforts.
J’étais heureux et fier de mon œuvre, certain cette fois-ci que le dragon avec lequel je vivais à l’époque serait aux anges, reconnaissant et amoureux.
J’attendis toute la journée un SMS de gratification qui ne vint jamais. “Elle doit être trop bouleversée pour trouver des mots qui n’existent pas dans le dictionnaire ou bien elle n’est pas encore rentrée chez elle“, pensais-je naïvement. Je me suis imaginé cueillir les fleurs de la gloire le soir en rentrant à son domicile, tel Jules César après la conquête des Gaules. Mais non. Je fus accueilli d’un froid baiser rapidement donné. Tiens donc… Elle n’aurait donc pas fait pipi ? Aurait-elle oublié la mission que je m’étais assignée la veille ?
Au bout de 20 minutes d’ignorance et n’y tenant plus, je tentais une approche en douceur : “tu as… vu que j’avais poncé les WC ?“. Sa première réponse me laissa coi : “Ah non ! J’ai pas eu le temps !“ (son excuse préférée, celle derrière laquelle elle se réfugiait dès qu’elle se sentait coupable de quelque chose). Quelle force de la nature pensais-je intérieurement : grosse travailleuse, remarquable femme d’intérieure, elle n’avait même pas eu le temps de faire une courte halte dans les toilettes pour soulager sa vessie après une journée de travail chargée. Quelle abnégation ! Je l’admirais tellement que sa réponse ne m’offusqua pas. Quelques secondes plus tard, elle m’interrogea de loin : “ah… Tu n’as pas fait les murs ?“ “Si, si !“, lui rétorquai-je un brin choqué, ajoutant pour lui faire prendre conscience de la mesure de ma tâche que j’avais passé une heure et demie à tout poncer et nettoyer derrière moi.
Vous savez ce qu’elle m’a répondu ? “Ce n’est pas grave, je vais le refaire“. Je m’attendais à une médaille, une fanfare, un premier prix de quelque chose ou un simple merci mais je ne reçus que ces mots en guise d’anathème : “ce n’est pas grave, je vais le refaire“.
Cette histoire fut la goutte de peinture qui fit déborder le pot. Je n’obtins jamais d’excuses car, handicapée émotionnelle à la limite de l’autisme, elle ne réussit jamais à comprendre le mal qu’elle m’avait fait. D’une manière générale, elle ne comprenait jamais la peine qu’elle causait à son entourage, sa famille, son associée et le peu d’amis qu’elle comptait. Sûre d’elle et de son charme, persuadée d’être une femme aimable en tout point, elle ne se rendait pas compte qu’elle mettait tout en place pour qu’on ne l’aima plus, préférant trouver loin d’elle des explications à son long célibat et ses multiples échecs amoureux.
Je compris grâce à cet épisode que mes fleurs ne seraient jamais assez colorées, que les gâteaux que je lui ramenais seraient toujours trop secs, mes attentions inutiles et que je perdais un temps précieux à déverser mon amour dans un panier percé. On ne sauve pas les gens malgré eux, on ne peut pas non plus les aimer s’ils ne le désirent pas et je décidai donc de reprendre ma liberté pour aller enduire d’autres murs. J’étais certain que la prochaine fois, je récolterais l’étreinte que je pense mériter ; même si le travail est mal fait 🙂
Le jour même de cette prise de conscience, je me souviens avoir été interviewé par une journaliste qui me demanda quelle était la qualité que je préférais chez une femme. Je ne sais pas ce que j’aurais répondu d’ordinaire mais ce jour-là, après avoir été l’innocente victime de son égoïsme congénital, je répondis sans hésiter : la gentillesse.
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Jeudi soir, après une journée de tournage éprouvante, nous étions heureux de prendre place dans la voiture 2 du train 5214 affrété par la SNCF qui devait nous amener à grande vitesse vers nos maisonnées où nous attendaient compagnons et compagnes, impatients de nous étreindre après une courte mais douloureuse séparation. Enfin, je parle pour les gens vivant en couple car pour ma part, seule une lessive à étendre guettait mon retour.
J’étais entouré dans ce wagon de la joyeuse équipe commerciale et créative d’HighCo Shopper ainsi que de mon cadreur Christophe et nous étions tous satisfaits des images que nous ramenions dans nos bagages.
Nous étions censés pénétrer en gare Saint-Charles à 23h18 après un voyage de 5 heures à travers les paysages de France. En principe.
En effet, c’était sans compter un chevreuil dépressif qui avait décidé hier soir de mettre fin à ses jours en se jetant sous les boggies de la motrice de notre train. Je ne connais pas le nom de ce pauvre animal mais d’après ce qu’on a appris ultérieurement, il n’était pas au mieux de sa forme depuis que toute sa famille eut été décimée par l’amicale des chasseurs de Chasse-sur-Rhône. La bête avait perdu l’appétit, sa libido et se réfugiait dans un mutisme inquiétant dont ses congénères n’arrivaient pas à l’extraire. Même les matches de l’OM n’arrivaient plus à la faire rire, c’est vous dire l’état dans lequel elle était.
L’animal avait déjà tenté de se suicider en se précipitant sous les roues d’un scooter mais à part une luxation de l’épaule, il s’en était sorti quasiment indemne (ce qui ne fut pas le cas du conducteur du 2 roues qui dû troquer sa mobylette pour un déambulateur depuis sa douloureuse rencontre avec le cervidé).
Mais hier soir fut la bonne pour lui et c’est avec beaucoup de dignité et de courage qu’il se plaça sur les voies afin d’attendre le Lille-Europe de 18h26. Renseigné sur les horaires, il ne fut pas surpris lorsque la locomotive le percuta à 280 km/h au niveau de son fessier. Et c’est même avec une dernière lueur de fierté dans l’œil que le gibier se regarda battre le record du monde de saut en longueur (titre non homologué car aucun officiel n’était présent sur place). Ballot.
Le geste du désespéré occasionna un retard de 3 heures à notre train mais nous étions tous trop tristes pour nous en soucier. J’ai essayé d’organiser une quête dans notre rame afin de récolter quelques espèces pour aider les amis du défunt à surmonter cette épreuve mais je dois avouer que je n’ai pas obtenu grand chose et que je dus vite regagner ma place sous les huées et quolibets de passagers à bout de nerfs.
Je me demande si la SNCF ne devrait pas mettre en place une aide psychologique pour tous les animaux de la forêt stressés par la disparition de leur habitat ou simplement angoissés à l’idée de finir en venaison. Ça nous permettrait de dormir plus de 4 heures.

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Ce texte est destiné à crier ma haine d’une profession abjecte que je vomis depuis fort longtemps. Mon dégoût et mon acrimonie vise une corporation aux pratiques détestables dont elle est coutumière pour gagner toujours plus de clients et s’engraisser sur le dos des pauvres ères que nous sommes.
Je veux bien sûr parler des serruriers, cette engeance immonde qui, si je suis amené un jour à tenir les rênes du pouvoir suprême, sera condamner à la prison à vie dans une maison d’arrêt du Nord Pas de Calais. Là, dans une cellule où le degré d’hygrométrie avoisinera les 95% et la température n’excèdera pas 11°C au mois d’août, les serruriers auront tout le temps de réfléchir à leurs fautes et expier leurs péchés sous les douches entourés de détenus à la miséricorde mesquine.
Je ne veux même pas parler de leurs tarifs prohibitifs qu’ils pratiquent lorsque vous avez un genou à terre et que vous êtes faible. C’est en effet, quand vous êtes en détresse totale (la faute à un comportement discursif qui vous a fait claquer la porte de chez vous en laissant votre précieux sésame sur la table basse du salon), que vous vous apercevez qu’on s’est bien fait entuber lors du passage à l’euro. Au téléphone, votre canaille vous a prévenu que son déplacement vous coutera un tiers de SMIC et vous avez la naïveté de penser un bref instant, que le saligaud vous parle de tarifs établis en francs CFA mais non…
Pourtant, votre porte cédera devant vos yeux ébaubis après quelques secondes d’agiles manipulations de la part de votre malfaiteur immatriculé au registre du commerce. C’est à l’aide d’une simple radio médicale qu’il fera coulisser au niveau du penne de la serrure que le verrou de votre putain de lourde finira par céder. Total TTC : 600 €. Ça fait cher la radio et cette fois, ce n’est pas remboursé par la Sécurité Sociale.
Mais je vais vous expliquer ce qui m’agace encore plus que leur malhonnêteté tarifaire, ce qui me fait monter une haine titanesque à l’égard de cette race de boutiquiers véreux. C’est la façon qu’ils ont de faire la promotion de leur escroquerie : en collant de petits autocollants sur toutes les portes du logement collectif où vous résidez. Ces adhésifs sont généralement bleu et rouge et donc rarement coordonnés avec la couleur des portes des immeubles hausmanniens.
Sur ma porte, j’en ai trois collés à différents niveaux (l’un de ces autocollants est placé à plus d’1,90 m sans doute par un serrurier pratiquant le basket ou la courte échelle). Le pire est que la colle utilisée empêche tout effacement de leurs indélicats passages sans altérer la peinture ou le vernis des portes sur lesquelles ils s’acharnent.
Je les ai appelés une fois pour leur demander de cesser cette affichage sauvage et disgracieux mais je me suis fait répondre, dans un fort accent marseillais, d’aller pratiquer la sodomie chez les hellènes. N’ayant aucune envie de m’abandonner à de telles pratiques sexuelles avec un peuple que j’apprécie pourtant pour la finesse de ses spécialités culinaires, j’ai raccroché, ayant compris que je n’obtiendrai pas satisfaction de  la part de mon tourmenteur.
Je me suis juré de ne JAMAIS appeler un de ces numéros même si je devais passer la nuit sous un porche. J’ai ma fierté et je me refuse à donner raison à ces violeurs de domicile qui ignorent les règles de la bienséance. Ils savent peut-être coller des étiquettes, mais je préfère en avoir le sens.

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Oui, vous avez bien lu, moi le buveur de Coca Zéro, le fidèle client de Monoprix, le meilleur ami des bouchers, j’ai poussé la porte d’un magasin bio. Enfin, soyons honnête… j’accompagnais la femme dont je partage quelques morceaux de vie (100% naturel).
C’est le pas trainant et à reculons que je pénétrais dans cet étrange magasin dont ma fiancée est une adepte inconditionnelle, possédant même une carte de fidélité lui donnant droit à des avantages non négligeables, jugez plutôt : un pâté végétal curry et sésame acheté, un pot de pâte à tartiner sans chocolat et sans lait, offert.
Que ne ferait-on pas par amour, n’est-ce pas ?
Je fus immédiatement saisi par l’odeur et le calme dans lequel baignait l’échoppe. L’odeur était indéfinissable et je suis bien embarrassé au moment de vous la décrire mais disons qu’elle n’était pas agréable aux narines. Point de parfums de synthèse ni de fragrances chimiques afin d’anesthésier mon cerveau pour me pousser à la consommation. Cela sentait “normal“.
Quant au calme, il venait du fait qu’il n’y avait aucune musique ni aucune annonce publicitaire concernant une promotion quelconque, crachées par des hauts parleurs fatigués. Je pris alors conscience que j’étais dans le temple de l’anti-consumérisme et il me fallut quelques minutes pour abandonner mes réflexes naturels. Ainsi je compris très vite que je ne trouverai aucun soda américain aromatisé au cola ni aucun Snickers dans les rayonnages de ce drôle de magasin.
Mais le plus étonnant restait les “clients“. J’avais l’impression qu’ils étaient tous malades et de me trouver dans la supérette d’un hôpital spécialisé en soins palliatifs. Le teint gris, cireux, les cheveux pelliculés, ils possédaient des silhouettes soulignant leur extrême maigreur. Vêtus de vêtements en coton équitable ou en chanvre bio recyclé, ces êtres étranges glissaient lentement dans les allées tels des zombies. Point de chair humaine pour eux mais du quinoa et du tofu sous vide que je les voyais attraper de leurs mains nervurées aux ongles jaunis par le manque de protéines.
Au pays du bio, les légumes sont bizarres : ils ne sont pas beaux, brillants de tous leurs pesticides sous l’éclairage au néon des supermarchés que je fréquente. Non… au pays du bio, on comprend que les légumes poussent dans la terre car il y en a encore plein dessus.
J’ai plusieurs fois croisé une femme qui portait d’étranges chaussures (de celles que l’on trouve en pharmacie et qui ne font pas mal aux pieds). Un gros collant noir semblable à du Néoprène recouvrait ses jambes jusqu’à la naissance des cuisses qu’une ravissante petite robe multicolore en gros coton équitable du Népal qui gratte, tentait de camoufler. Il y avait plusieurs bandes de couleurs différentes, façon patchwork, avec des fleurs cousues dessus et cela me rappela les cadeaux que mes enfants fabriquaient eux-même à l’école pour la fête des mères quand ils étaient petits. Elle n’avait pas conscience d’être habillée comme un épouvantail à corbeaux alors que je la contemplais hésiter longtemps entre une brique de lait fermenté de chamelle ou celui 100% bio de chèvres des Pyrénées.
Ma charmante compagne jurait totalement au milieu de cette secte étrange et bigarrée avec son élégance naturelle, sa grâce de danseuse étoile, perchée sur de fins escarpins et enrobée de vêtements de marque. Elle semblait néanmoins à son aise. De temps à autre, elle m’invitait à déposer dans notre panier quelques aliments dont je découvrais l’existence : des yaourts au lait bio de chèvre aux appellations qui tenaient plus du médicament que de la gastronomie… Casei-philus, K.Philus… Je résistais tant bien que mal au tofu “épinard et noisette“, au “filet de tofu à l’ail des ours“ et faillis me faire piéger par un packaging malin… Désespérant de trouver un produit susceptible de satisfaire un estomac habitué à plus de 45 ans d’une alimentation saturée en graisses et colorants alimentaires, je me jetais trop vite sur un paquet de steaks. J’étouffais rapidement les sanglots qui montaient dans ma gorge alors que je me rendais compte que je tenais dans mes mains un paquet de steaks hachés… végétal à la bolognaise.
Bizarrement, la caissière qui scanna nos produits ne correspondait pas du tout à la clientèle du magasin dont elle défendait pourtant les pâles couleurs. Environ 120 kilos, un piercing dans le nez, un triple menton qui lui permettait de maintenir contre elle le classeur comprenant le prix de tous les légumes, je me disais qu’elle aurait été plus à son aise chez Carnivor ou les Boucheries Bernard. La ventripotente hôtesse de caisse me fut immédiatement sympathique car je sus qu’elle appartenait à mon camp, au clan de ceux qui aiment les Snickers, la pizza de chez Etienne Cassaro et le chocolat blanc Galak.
Ma dulcinée a cuisiné le soir même une quiche aux champignons bio et vous savez quoi ? Je n’en ai jamais mangé d’aussi bonne et je me suis resservi deux fois. C’est quand qu’on y retourne ?

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Bienheureux ceux qui ne connaissent pas la peur. La peur est une émotion destructrice qui peut vous gâcher la vie ou vous la compliquer terriblement à tout le moins.
On peut avoir peur d’un tas de choses : du vide (adieu l’escalade ou les balades sur la grande roue), de perdre son emploi (adieu l’audace), peur du lendemain (adieu la prise de risque), peur de l’engagement (adieu l’amour)… A bien y réfléchir, on a toujours quelque chose à perdre à avoir peur. C’est une sorte de troc, une espèce d’assurance vie : il ne m’arrive rien d’extraordinaire mais en contre partie, je ne me fais pas mal. Honnête comme contrat, non ?
J’ai longtemps accepté ce deal. Pas vraiment concernant mon travail (Dieu sait que j’ai pris des risques !) mais pour l’amour et la grande roue, j’avoue que j’ai souvent préféré passer mon tour.
On est tellement bien à l’abri de tous ces effroyables dangers ! Pourquoi jouer à se faire peur ? Pourquoi oser ? Tenter l’aventure alors qu’on est si bien sur un banc à observer les autres, à rêver d’un destin de capitaine au long cours alors que l’on est bâti pour traverser le Vieux Port en Ferry Boat ? Et puis un jour, le Ferry Boat met la barre à gauche toute et décide de gagner la mer.
On choisit de sauter du pont en espérant que l’élastique qui nous y relie tiendra le coup, qu’il sera suffisamment costaud pour nous retenir de nous écraser sur les pointus rochers en contrebas. C’est un moment délicieux que celui où on se dit “allez, j’en ai marre, j’y vais ! Je sens que c’est le moment, que c’est la bonne !“ On glisse alors vers le sol à une vitesse vertigineuse, on sent le vent tenter de freiner la chute mais que peut le vent face à la gravité ?
Parfois l’élastique ne tient pas mais on se surprend à s’en sortir quand même. Avec des égratignures, des ecchymoses, et quelques fractures mais… en vie. Alors, en sortant de l’hôpital sur des béquilles, une ordonnance pour 145 séances de rééducation dans la poche, on se pose la question : le jeu en valait-il la chandelle ? Et si c’était à refaire ?
Et bizarrement, la réponse est oui. La sensation de bien être ressentie durant la descente était une telle expérience que l’on se convainc que cela vaut tous les bobos du monde.
Je plains ceux qui restent barricadés derrière leurs peurs, se croyant protégés de leur passé et de leurs angoisses. Là, retirés du monde, recroquevillés dans leur bunker d’effroi, ils passent bien souvent à côté de leur vie et parfois même de leur destin en accusant la terre entière d’être responsable de leur sort, en la blâmant de ne pas les comprendre.
Jules Renard disait que “la peur est une brume de sensations“. Je préfère aux brumes de sensations, les torrents d’émotions.

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Jeudi soir dernier, j’ai animé la 4e cérémonie des Entrepreunariales au siège du Crédit Agricole d’Aix-en-Provence.
“Les Entrepreunariales“ est une association jeune et bien portante présidée par mon ami Frédéric Pithoud, qui fait aujourd’hui référence dans le domaine de la formation à la création d’entreprise. Elle aide les étudiants à créer leur entreprises en organisant un concours dont la remise des prix avait lieu hier soir devant 300 personnes.
10 prix ont été remis aux élèves gagnants et d’après ce que j’ai entendu, j’ai pas mal dépoussiéré cet événement avec mes saillies verbales…


Voici un petit film qui présente l’association “Les Enfants de Togbota“ que j’ai l’honneur de présider. Cette association vient en aide à un petit village du Bénin appelé Togbota, peuplé de 4000 habitants dont 3000 enfants. Sans eau, ni électricité, on essaye de leur amener un peu d’aide notamment en matière de scolarisation et d’agriculture.
Merci à François Volfin, mon ami, partenaire, collègue, conseiller matrimonial d’avoir apporté gracieusement tout son talent à ce film.
Vous pouvez aider l’association en faisant un don ici :
Chèque : “ Les Enfants de Togbota, 36 rue Roux de Brignoles 13006“
Virement bancaire à la Bank Of Africa :
Code banque : 16168 – Code guichet : 07501 – Numero de compte : 01005460007
Clé RIB : 24 – Domiciliation : BOA France
IBAN : FR76 1616 8075 0101 0054 6000 724 – SWIFT : AFRIFRPPXXX

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Un ami est venu dîner à la maison hier soir pour me parler d’amour. De son (nouvel) amour. Les gens amoureux me font sourire (et un peu envie admettons-le) car ils ont un sourire béat sur leur visage en toute circonstance. Vous pouvez leur annoncer toutes les mauvaises nouvelles du monde, ils vous répondent sereinement : “ce n’est pas grave“, “demain est un autre jour“ et autres billevesées d’une vacuité sans fond.
Les amoureux semblent planer, flotter en l’air comme un ballon d’hélium lâché par la main d’un enfant sur le parking de Disneyland Paris alors que le père court en râlant après la mince ficelle de raphia pour tenter de rattraper le morceau de latex qui lui a couté 14,50 €. Mon pote est irrattrapable. Je l’ai compris alors que je l’écoutais parler “d’elle“ devant l’assiette qui refroidissait sans qu’il ne touche au délicieux magret de canard que je lui avais cuisiné. J’ai couru un peu pour tenter de le faire descendre mais j’ai vite cessé mes gesticulations car je m’épuisais pour rien. Sa radio ne fonctionnait visiblement plus depuis qu’il avait franchi la stratosphère.
Elle est blonde, possède deux bras, deux jambes, un joli sourire mais alors que je ne voyais qu’une banale femme, mon ami me décrivait une princesse, une sirène sortie des flots pour le charmer de son chant envoutant (et mortel).
J’ai tout essayé, enchainé mille arguments censés, je l’ai supplié d’ouvrir les yeux, de contempler la réalité ; j’ai tenté de lui faire comprendre que les choses allaient sans doute un peu vite (il vient de la rencontrer !) et qu’il fallait raison garder mais non… L’amour est le plus puissant des stupéfiants que je connaisse. Le hashish, la cocaïne et l’ecstasy peuvent aller se rhabiller : face à l’amour, ils sont aussi efficaces que des pastilles Valda.
Le pire est que l’homme dont je vous parle est un costaud, un type qui a pas mal baroudé et qui a eu son lot de femmes, vous voyez le genre ? Quelqu’un qui “sait“, un expert qui connait la fragilité des relations inter-sexuelles, qui a expérimenté la précarité des sentiments et qui a éprouvé les affres du chagrin d’amour. Je l’ai ramassé à la petite cuillère il y a quelques années de cela et ce n’était pas beau à voir. Je le pensais guéri pour toujours, que suite à ce drame, il se contenterait d’émotions faciles et de relations tranquilles. Voler, oui, mais à basse altitude. Rester modeste et observer la Terre à la hauteur d’un drone et non d’un satellite géostationnaire.
Mais il est trop tard. J’ai compris qu’il était foutu. Le pire reste que cette relation lui fait perdre complètement les pédales et qu’il dévale la pente en klaxonnant sans se rendre compte des risques de chutes. A la vitesse où il fonce, s’il y a du gravier sur l’asphalte, ce n’est pas de la ré-éducation qu’il lui faudra mais une oraison funèbre.
Mon ami (appelons-le Gilles pour lui donner une humanité) est pourtant quelqu’un de réservé et raisonnable, se livrant peu et maitrisant ses émotions. Bref, un type au sang froid frôlant le zéro absolu.
C’est pour cela que lorsqu’il a évoqué sa relation avec sa “bien-aimée“, je me suis fissuré de l’intérieur. Figurez-vous qu’il lui a déjà envoyé des “je t’aime“ et qu’il se délecte d’exposer à l’objet de son cœur, toutes ses failles, ses doutes et autres questionnements au sujet de l’avenir qu’il se voit bâtir avec elle ! Alors là, je n’ai pu me retenir et j’ai bondi de ma chaise (j’avais fini mon magret) : “mais Christian, tu déconnes complètement ! On ne balance pas un “je t’aime“ à une femme avant au moins deux ou trois mois ! C’est écrit partout et nul n’est censé ignorer la Loi ! Tout le monde te le dira ! Et puis qu’est-ce que tu vas lui parler de tes doutes ! Une femme a besoin d’être rassurée, de sentir qu’elle a un homme solide devant elle et pas un type souffreteux et vulnérable que le moindre courant d’air va aplatir ! Christian, tu dois penser comme Bruce Willis et tu lui fais du Jacques Villeret ! C’est quoi la prochaine étape ? Tu vas l’appeler “maman“ et lui offrir une bague achetée en 3 fois sans frais au Manège à Bijoux d’une galerie marchande ? Ressaisis-toi ! Je ne te reconnais plus !“
J’avoue avoir été un peu dur avec lui mais il fallait que je le secoue, que je le sorte de la léthargie hypnotique dans laquelle il baigne depuis le début de cette relation. Cela n’a pas fonctionné. Il m’a regardé en souriant (toujours ce putain de sourire) et m’a lâché “tu ne peux pas comprendre“.
Je l’ai laissé repartir vers son avenir avec son bonheur en bandoulière et ses fleurs dans les cheveux. Alors qu’il descendait les escaliers, je l’ai entendu qui sifflotait l’air de “l’ami Ricoré“. De quoi être inquiet. Inquiet et un peu convoiteux aussi.
J’espère qu’il ne lui arrivera rien et qu’il ne se trompe pas d’altitude. Voler est envoûtant et tous les pilotes sont des victimes consentantes.

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