Moi, si j'étais une femme…

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L’autre jour, ma fille m’a posé une drôle de question. Je cuisinais des pâtes (seul plat que je suis à peu près certain de réussir sans déclencher les détecteurs de fumée) alors qu’elle était étalée sur mon canapé en cuir, son ordinateur sur les cuisses (les chiens ne font pas des chats) quand elle m’interpela : “Papa ? Qu’est-ce que tu ferais si pendant une journée, tu étais une femme ?“.
Fichtre ! Quelle question ! Je la soupçonnai un instant de prendre des substances illicites mais je crus suffisamment la connaître pour écarter rapidement cette folle hypothèse. Je restai interloqué et parvins à articuler un “je ne sais pas“ alors que sa question tournait et retournait dans ma tête. Que ferais-je si j’étais une femme ? Il eut été plus facile de répondre à la question si le verbe avoir avait remplacé le verbe être mais, comme au Scrabble, je dus faire avec les lettres qu’on me distribuait.
Ma fille ne sut pas que sa question avait déclenché une tempête sous mon crâne. Sa question me hanta plusieurs jours de suite jusqu’à frôler l’obsession. J’imaginai bien des possibilités comme d’explorer de l’intérieur si je puis dire, la sexualité féminine, mais imaginer le souffle d’un homme dans le creux de ma nuque eut raison de ce cauchemar.
En fait, je crois que si je devais passer une journée dans le corps d’une femme,  je la passerais à autre chose : j’essaierais de comprendre la psychologie féminine.
Ne pouvant m’auto-analyser (je suppose que mon cerveau resterait masculin), j’inviterais un tas de copines à la maison et je les ferais parler des hommes. Je tenterais au cours de cette courte journée, de cerner leurs attentes, leurs rêves, de capter leurs fantasmes afin d’apprendre ce qu’elles attendent de nous, les hommes.
Ensuite, j’irais aux Galeries Lafayette, rayon lingerie et là, dans les cabines d’essayage, je regarderais sans gêne et sans honte, mes semblables de genre se parer de délicats atours de soie et dentelle.
Je terminerais ma journée en me faisant inviter dans un grand restaurant par un homme bavant de désir. Là, je ferais mine d’hésiter sur les plats avec la tranquille assurance de me faire offrir l’addition. Quel bonheur de voir arriver la note portée par un maitre d’hôtel gantée… Je me pencherais alors dans un geste feint pour attraper mon sac à main et ferais le simulacre d’en sortir une carte bleue. Alors, j’entendrais mon chevalier servant remplir son rôle d’homme et prononcer le fameux (et coûteux) : “laisse, je t’en prie, c’est pour moi“. Quel régal…
Une fois raccompagnée à ma porte, il me proposerait certainement de prendre un dernier verre mais je déclinerais poliment, comme une bonne fille bien élevée. Je prétexterais devoir me lever tôt et je le remercierais gentiment en le gratifiant d’un sourire chargé de rouge à lèvres.
Voilà ce que je ferais si j’étais une femme pour une journée… Mais quand je me regarde dans une glace, je me dis qu’il y a du boulot.

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