“Tu t'y connais en bricolage ?“

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C’est par cette apostrophe que je fus interpelé l’autre jour par un de mes congénères masculin. Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé d’être confronté à des personnes qui n’écoutent pas les réponses aux questions qu’ils posent. Leurs questions ne sont que pure réthorique.
Ainsi donc je répondis faussement navré à mon tourmenteur que “non, je n’y connais malheureusement rien“, ce qui est la stricte vérité, ne sachant toujours pas différencier une ampoule à culot d’une ampoule à vis. Loin d’éloigner l’importun, ma réponse eut le même effet qu’un Doliprane sur un cancéreux en phase terminale. L’empoisonneur continua son bavardage inutile de la même manière que si j’avais répondu : “un peu mon neveu que je m’y connais en bricolage ! C’est même une de mes passions ! Quel est le problème ?“
Il m’attira alors devant une porte dont le verrou, m’expliqua le chieur, refusait de coulisser. Qu’y pouvais-je ? Je reformulais ma réponse initiale en utilisant des mots simples et choisis pour leur intelligibilité : “tu sais, je n’y connais rien du tout en serrurerie… je ne suis PAS bricoleur“. Cette réitération eut le même effet que si j’avais uriné dans une contrebasse (un violon est bien trop petit). L’enquiquineur poursuivit comme si de rien n’était son lent monologue dont je ne comprenais pas un mot. Il pointait du doigt la dite serrure au cas où je ne saurais pas où elle se situerait sur une porte et je l’entendis prononcer des noms barbares… Il était question de “pêne dormant“, de “clenche“ et de “gâche“… Je n’entravais pas un mot à ces borborygmes et je me contentais de regarder poliment dans la direction que pointait son index.
Ce genre de situation est fort gênante car on ne sait quoi dire (ayant déjà expliqué 2 fois que je n’étais pas bricoleur). J’ai rapidement compris que mon interlocuteur ne cherchait pas tant à trouver une solution à son soucis de pêne dormant qu’à lier connaissance avec moi, personnage mystérieux et taiseux. Il cherchait un sujet de conversation et il avait pensé qu’une discussion virile autour d’une caisse outils nous rapprocherait. Faux. Mauvais calcul. Le moindre outil dans mon champs de vision a pour effet de me projeter dans la direction inverse à celui-ci.
J’attendis 5 bonnes minutes que le pénible mette un genou à terre, vaincu par mon désintérêt pour la quincaillerie. A chacune de ses tristes questions (“tu crois que ça peut venir de la tige mobile qui se serait tordue à l’intérieure ?“), je répondais d’un laconique “peut-être, ouais. Faut voir…“
Le raseur décela enfin l’abyssale ennui qui engloutissait tout mon être et me laissa m’éloigner du chantier qu’il avait entrepris. Je l’abandonnais, seul, aussi désespéré de n’avoir pas réussi à trouver une solution à son problème mécanique que de n’être pas parvenu à forcer le verrou de mon amitié.

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