Je suis allé chez un rebouteux

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J’adore les nouvelles expériences, celles qui vous mènent aux frontières du surnaturel et du paranormal. Je me souviens il y a quelques années être allé voir un gourou au Bénin pour soigner un mal de dos provoqué par l’inconfort de la litière sur laquelle j’essayais de récupérer de mes journées harassantes. La consultation avait été réglée en Sodabi (un alcool local qui sert également de carburant à la fusée Ariane V) mais mon mal, loin d’avoir disparu, avait empiré et j’avais terminé aux urgences médicales de l’hôpital de Cotonou où je fus soigné par un médecin belge expatrié, fort sympathique au demeurant.
A l’heure où j’écris ces lignes, je me trouve à Lyon avec mes enfants où je suis arrivé tardivement samedi soir. J’avais commandé une voiture sur Uber, la solution “anti-taxi“ qui dévore le marché français avec appétit. Il faut que je vous explique que les chauffeurs de chez Uber ne sont pas des professionnels mais qu’ils offrent l’avantage non négligeable d’être moins couteux et plus courtois. Je fus pris en charge par une personne retraitée d’origine polonaise. J’étais un peu honteux d’exploiter une personne âgée pour me transporter à point d’heure, moi et mes enfants, jusqu’au domicile de mes parents à peine plus âgés qu’elle… La pauvre était complètement paumée et après avoir effectué trois tours de la gare, je lui proposais de prendre en main le GPS. J’aurais bien pris le volant mais cela aurait été vexant pour la grabataire qui accepta ma proposition en faisant claquer son dentier de joie.
Alors que nous roulions à 30 kilomètres/heure sur l’autoroute A6, j’engageais la conversation pendant que mes petits s’endormaient sur la banquette arrière. Je lui demandais pourquoi elle continuait à travailler au lieu de faire du crochet en écoutant les Grosses Têtes d’RTL Elle me répondit simplement que la nécessité et l’envie de rester occupée l’avait conduit (sans jeu de mots) à accepter cet emploi à temps très partiel. Sa retraite d’ingénieur en biochimie ne semblait pas suffire à lui assurer une retraite confortable et j’étais bien heureux de contribuer pécuniairement à son bonheur. Au détour d’une phrase, mon chauffeur slave titilla ma curiosité. “Je fais aussi un peu de… guérison… J’ai un don…“ me confessa ma conductrice. Diantre ! Mon sang ne fit qu’un tour de périphérique avant que je ne lui lance : “j’ai une tendinite au bras droit depuis 6 mois qui ne passe pas. Vous pensez que vous pourriez y faire quelque chose ?“. “Bien sûr“ me répondit-elle d’un ton assuré, avant de poursuivre “tout cela n’est que de la physique quantique, vous savez.“ J’étais largué mais j’aimais ça.
Je décidai de la revoir et fixai un rendez-vous pour le lendemain à son domicile. J’étais trop intrigué pour laisser s’échapper pareille occasion. Le jour et l’heure prévu je me trouvai au pied de son immeuble, tout occupé à chercher son nom sur l’interphone commun (ce qui ne fut pas très long vu qu’il est exclusivement composé de consonnes). J’appuyai sur le bouton qui juxtaposait son étrange patronyme et une voix mâtinée d’un fort accent m’invita à monter au troisième étage ; ce que je fis promptement, impatient de connaître la sauce à laquelle j’allais être mangé.
Elle m’attendait sur le palier de la porte et mes sens olfactifs furent prit d’assaut par des volutes d’encens et autres huiles essentielles qu’un petit appareil électrique crachotait en silence. Des icônes accrochées au mur semblaient conférer à cet appartement un pouvoir religieux. Ce n’était plus un quelconque T3 de HLM mais un temple mystique que les esprits louaient charges comprises. Elle m’invita à m’assoir sur un canapé trop coloré et la séance débuta… (à suivre)

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