Je hais les micro-ondes

J’ai décidé de consacrer tout un article à la haine que je voue aux fours à micro-ondes depuis des années. Cette haine sourde, je la taisais dans l’espoir de comprendre un jour, la raison de cette malédiction qui me frappe et qui veut que, JAMAIS, cet outil n’est arrivé à chauffer quoi que ce soit que je lui enfourne.
Je déteste m’en servir et n’utilise qu’une seule fonction sur les dizaines de différents modes de cuisson que renferme l’épaisse notice que l’on m’a remis lors du déballage et l’installation de l’engin de chauffage de marque allemande.
Je m’en suis servi ce soir pour faire chauffer un bol de soupe de potiron à la citronnelle que j’avais préparé dans l’après-midi avec des légumes bios que j’étais allé ramasser dans le jardin d’un paysan de mes amis (non, je déconne, c’était de la soupe en brick que j’ai sorti du réfrigérateur).
A priori, un four qui est capable de (selon la notice) cuire un poulet, décongeler un poisson, ou même de griller une côte de bœuf, devrait pouvoir chauffer des molécules de potiron dans un bol à la con ? Et bien non. Ou plutôt, oui… mais partiellement.
En effet, certaines “zones“ (voir le schéma très explicite réalisé par un étudiant aux Beaux Arts) de mon bol atteignaient une température avoisinant les 100 C° alors que d’autres endroits que ma cuillère explorait étaient froides comme la pierre. J’avais dans mon bol la première soupe mi-gaspacho, mi-lave en fusion.
Ma cuillère ne savait jamais sur quoi elle allait tomber et c’est donc avec une angoisse répétée que ma langue accueillait l’ustensile. Allais-je me brûler au 3e degré ou bien grimacer de dégoût en avalant un potage froid ?
Et là, je voudrais poser la question aux ingénieurs de chez Siemens : comme se fait-il que les rayons de votre appareil ne chauffent qu’une seule partie de mon bol en délaissant le reste ? Quelle est la raison de cet ostracisme scandaleux ? Pourquoi vos ondes choisissent arbitrairement quelles molécules elles vont griller ? Selon quels critères ?
Cela me rappelle les boîtes de nuit de ma jeunesse dont j’étais régulièrement refoulé sans raison (je suis pourtant blanc et je ne portais pas de baskets). Alors c’est ainsi ? Micro-ondes, boîtes de nuit, même combat ? “Toi, je te chauffe, toi je te chauffe pas ! C’est une soupe privée et je ne chauffe que les habitués !“
Bref, j’en termine là avec ce douloureux problème dont j’ai été heureux de partager la teneur avec vous. Il faut que j’aille mettre de la Biafine sur mes gencives et mâcher des glaçons.