Saloperies de Playmobil !

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Chaque année je me laisse avoir au moment d’acheter des jouets pour mon garçonnet : je regarde le visuel sur les boîtes et je me dis “waou ! on va s’éclater à jouer à ça avec mon fils !“. Je ne réalise pas que le visuel a été confectionné par des publicitaires véreux aidés par une batterie d’assistants qui ont bossé en relais par équipes de 6 pendant 72 heures pour fabriquer la scène qui sera ensuite photographié par un artiste allemand qu’on sera allé chercher en jet privé à Cologne. Non, vous ne réalisez pas que vous allez niquer une après-midi de votre vie à bâtir cette p##### de “Station Top Agents“.

Au début pourtant, tout se passait bien…

Confortablement installé sur le canapé de mes parents avec mon iPad pour me tenir compagnie, j’avais, à mes pieds, mon petit garçon et son cousin de 6 ans, le redoutable Arthus, qui déballaient le cadeau que le Père Noël avait apporté. De temps à autre, mon oreille captait une bribe de leur conversation discursive :

– “T’as vu ce bonhomme ? Trop bien !“

– “Oui, trop bien ! (un temps) Tu connais les Bayblades ?“

– “Oui ! J’en ai 7 !“

– “Et bien moi, j’en ai 8 ! Avant j’en avais 9 mais y’a Florian qui m’en a pris une à l’école. (un temps) Tu manges à la cantine ?“

– “Oui. Sauf quand mon papi est là. (un temps) Et ça c’est quoi ?“

“Ah ça je sais !“ répondait très souvent le plus jeune des deux qui, je le vérifierai bien vite, n’avait pas la moindre idée de ce à quoi pouvait servir tout ce qui s’étalait devant ses yeux de polisson.

Confiant dans la multinationale Playmobil pour offrir aux chiards du monde entier des heures de divertissement favorisant le développement de l’imaginaire, je replongeais dans la lecture de mon livre numérique. Toutefois, une phrase ne cessait de venir frapper à mes oreilles à la manière d’un laveur de vitres roumains qui essaye d’attirer votre attention au feu rouge en tapant du doigt sur votre pare-brise. Elle émanait de mon fils dont la voix est à peu près aussi feutrée que celle d’un supporter alcoolisé de l’OM célébrant la victoire de son équipe sur le PSG. “Papa, tu peux nous aider ?“. Je n’y prêtais guère attention, imaginant que ma descendance voulait, par je ne sais quel stratagème malicieux, m’impliquer dans une des aventures conçues par lui et son cousin et interprétées par les petits bonhommes en plastique contenus dans la boîte. Quand sa voix atteignit les 160 db (soit le niveau sonore d’un Airbus A380 au décollage), je quittai avec regret ma tablette digitale afin de me pencher au-dessus de l’espace sur lequel ils avaient décidé d’ériger leur “Station Top Agents“.  Ce que je découvris alors m’emplit d’effroi et me rappela le montage de ma commode IKEA que j’ai relaté ici-même il y a quelques mois. Je compris alors ce que les architectes des pyramides d’Egypte avaient du éprouver quand Ramsés II leur avait expliqué ce qu’il souhaitait bâtir dans le désert.

Mes deux petits ingénieurs en chef avaient ouvert TOUS les sachets plastique contenu dans l’immense boîte sans se soucier de l’ordre dans lequel il fallait pratiquer cette délicate opération. Naïf depuis la naissance et vouant une foi inébranlable dans l’âme humaine, je croyais que la “base Top Agents“ était déjà montée… mais non. Comme pour la marque de mobilier suédois : pour arriver au résultat de la photo, il faut nécessairement en passer par des heures de bricolage.

Horreur ! 450 pièces dont la plus petite mesurait moins de 3 mm se trouvaient devant moi. Je poussais un cri primal et essayais d’articuler des mots qui ne formèrent qu’onomatopées et borborygmes inaudibles pour leurs oreilles d’enfants bien élevés (je suis bien placé pour le savoir). Ils me regardèrent de leurs grands yeux innocents en prenant conscience toutefois qu’ils avaient fait une connerie sans pouvoir identifier laquelle avec précision…

Très rapidement, je baissais les bras en expliquant à mon fils qu’il ne pouvait pas compter sur moi, que c’était foutu, qu’il avait fait une faute monumentale et irrattrapable en ouvrant tous les sachets et qu’il lui faudrait attendre la venue de son grand-père bricoleur ou la visite improbable d’un technicien de la NASA, pour tenter de colmater le trou béant de son erreur. Le cousin, bon camarade, balança un “j’te l’avais dit qu’il fallait pas tout ouvrir“ oubliant de préciser qu’il n’avait pas été le dernier à déchirer de ses dents (sa bave était étalée, telle une signature, sur tous les sachets que j’ai eu en mains) avec frénésie les sachets renfermant des pièces devant être, en principe, assemblées avec la précision d’un horloger suisse allemand.

Ma colère étant passée (mais pas mon désespoir), je dis adieu à mon temps de lecture, posais mon iPad sur la table basse du salon et décidais de tenter le sauvetage improbable d’un jouet de Noël. 450 pièces à assembler…

Il nous a fallu 2 heures pour finir la “Station Top Agents“. Je dis “nous“, car j’ai reçu le soutien dans cette épreuve de mon beau frère qui est venu me prêter main forte sous le regard admiratif de mon fils qui gardera longtemps cette image d’un père bâtisseur… Au moyen-âge, on construisait des cathédrales, moi, c’est les “Stations Top Agents“…

La morale de cette histoire est simple : quand vous achetez des boîtes de Playmobil, ouvrez les sachets les uns après les autres. Encore mieux : oubliez les Playmobil et offrez-lui directement une boîte à outils Facom.

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