Il ne s'est rien passé le 11/11/11 à 11h11

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Edito du 16 novembre 2011 pour News Of Marseille

Vendredi dernier, le 11/11/11,  j’ai vécu une journée très particulière. La matinée surtout.
En effet, depuis quelques jours, je lisais et regardais des tas de sujets dans la presse et à la télévision sur ce fameux 11/11/11 à 11h11. Ces articles et reportages étaient généralement empreints d’inquiétudes et ils étaient assez terrifiants. Les titres accrocheurs se terminaient tous par des points d’interrogation aussi lugubres que tragiques : “Que va-t-il se passer le 11 novembre à 11h11 ?“, “Faut-il avoir peur du 11 novembre 2011 ?“, “La fin du monde aura-t-elle lieu le 11/11/11 à 11h11 ?“ etc.
Le journaliste adore faire peur et, tel un père de famille racontant une histoire pleine de sorcières et de Molochs à ses enfants, il aime faire tressaillir ses lecteurs en leur parlant de comète “frôlant la terre“, de calendrier Maya annonçant la fin prochaine de notre monde ou de “bug informatique“ déréglant la planète. Les journalistes d’aujourd’hui se font parfois conteurs et je m’y suis laissé prendre.
Ainsi donc, j’ai fini par me persuader qu’il allait se passer quelque chose à 11h11 vendredi 11 novembre 2011. Je me suis levé d’assez bonne heure ce vendredi et je suis descendu courir après avoir enfilé mes plus jolies baskets. Alors que je foulais d’un pas rapide et alerte la Corniche Kennedy sous un ciel redevenu clément, j’ai croisé une très jolie jeune femme qui se reconnaîtra peut-être : brune, les cheveux attachées, petite et fine, les yeux bleus, portant des collants opaques noirs sous un short fuchsia et un coupe-vent noir. Son visage placé sous l’effort, transpirait de fines gouttelettes qui n’altéraient en rien sa beauté. Cette créature était tout simplement féérique et supercoquentieuse. Et si ce fameux 11/11/11 signifiait pour moi la rencontre avec l’amour de ma vie ?
Alors que je réfléchissais à cette éventualité, que même les prévisionnistes les plus optimistes ne prévoient pas d’arriver avant 2079, je me retrouve à quelques enjambées de l’endroit où je vais inévitablement croiser cette princesse aux yeux clairs. Je la vois alors capturer mon regard et me lancer un sourire laissant découvrir une denture nitescente. Elle ralentit tout en continuant à me dévisager de ses yeux turquoise. Je plonge à mon tour mes deux noisettes dans ses lacs céruléens en espérant ne jamais refaire surface. Nos regards sont comme aimantés par je ne sais quel sortilège. J’ai l’impression de vivre un ralenti de cinéma et la musique de mon iPhone, par un troublant hasard, se met à jouer dans mes oreilles la musique de Love Story
Je reprends quelques secondes mes esprits afin de consulter ma montre : 9h38. Trop tôt. Cela ne peut pas être “Elle“. J’accélère en laissant cette inconnue disparaître dans les volutes de mes certitudes. Elle semble troublée par mon attitude pusillanime mais je n’ai pas le temps de lui expliquer que ce n’est pas le “bon moment“ pour une rencontre. Qu’elle arrive trop tôt dans ma vie : 1 heure 33 minutes trop tôt exactement. Si seulement nous avions pu nous croiser à 11h11, alors là évidemment, la vie, nos vies en auraient été chamboulées mais à 9h38, c’était l’échec assuré, le fiasco total (et je m’y connais).
Alors que je continuais mon parcours (en pleurant), je réfléchissais à ce qui pourrait bien m’arriver à 11h11 ce jour-là. Un malheur prenant la forme d’un accident de voiture ? De scooter ? Une rupture d’anévrisme ? Ou bien une bonne nouvelle ? Allais-je trouver une valise pleine de billets (des dollars, pas des euros qui auront bientôt moins de valeur que ceux du Monopoly), un remède contre la chute des cheveux, ou bien mes actions Alcatel achetées 69 € pièce il y a 5 ans allaient-elles repasser la barre des 1,50 € ?
Rentré chez moi et douché, je me suis installé sur le canapé devant des chaînes d’information afin de guetter une catastrophe mondiale qui ne devrait pas tarder à arriver selon l’article en pleine page que j’avais lu dans un grand quotidien régional. Remarquez qu’en matière de catastrophes mondiales et de mauvaises nouvelles, on a parfois l’impression que c’est tous les jours le 11 novembre 2011 et qu’il est 11h11 à chaque flash d’informations. Mais il y a une forme d’évidence aujourd’hui. Tout le monde le dit, tout le monde en parle, tout le monde a écrit là-dessus : il va arriver quelque chose, c’est certain et il suffit de s’y préparer.
Soudain le téléphone sonne et je vois le numéro de Jean-Pierre Foucault s’afficher sur l’écran de mon mobile. Et oui, je connais du monde ! Jean-Pierre Foucault est, avec Philippe Candeloro et Alexandre Guérini, la personnalité la plus people de mon répertoire. Après quelques mots de politesse, il me demande ce que je fais aujourd’hui car il aurait besoin de me rencontrer pour me parler d’un projet télé auquel il souhaiterait m’associer ! Je bondis de joie sur mon canapé avant de constater sur l’horloge de ma Freebox qu’il n’est que… 10h56. Zut… encore trop tôt. J’explique alors à Jean-Pierre que je ne suis pas intéressé par son offre et qu’on n’a pas idée de déranger les gens un 11 novembre avant de mettre un terme brutal à notre conversation.
Là encore… à 15 minutes près, je touchais le jackpot professionnel. Mais il ne faut jamais contredire les astres et encore moins les journalistes professionnels : cela ne pouvait pas être le bon moment, pour moi comme pour lui.
Le plus cocasse est que je me suis mis à écrire peu après cet appel malencontreux et que, pris dans le tourbillon de ma littérature, je ne me suis pas aperçu que j’avais passé l’horaire tant attendu. Il était 11h16 quand j’ai posé mes yeux sur les aiguilles de ma Rolex achetée sur eBay, 200 € (je croyais faire une bonne affaire avant de constater qu’elle affichait la date jusqu’au 38 de chaque mois…).
Il ne s’est rien passé finalement à 11h11 ce 11 novembre 2011. A trop vouloir croire l’horloge médiatique, on dirait que je suis passé à côté de l’essentiel.
J’ai tenté de rappeler Jean-Pierre : il était sur messagerie.
Si vous connaissez une jeune femme brune au sourire d’ange et aux yeux bleus qui courait sur la Corniche vendredi matin vers 9h30, merci de lui dire que je me trouverai le 12 décembre 2012 à midi douze au même endroit.

5 Responses
  1. mohicanos

    bonne nouvelle pour 2012 : les mayas n’ont jamais prévus la fin du monde pour le 21 dec .
    elle sera donc imprévue héhé .

  2. mohicanos

    pas philosophe : taureau !
    l’astrologie et la voyance fantasment le futur et freinent le présent . Or la vie se vit au présent .
    courez courez vous n’attraperez rien d’autre que des courbatures 😉

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