Vacances Jour 1

quizz
Arrivé à Béziers avec ma descendance, nous nous sommes installés dans notre “40 mètres carrés pour 6 personnes“ comme le prévoyait la plaquette publicitaire dans laquelle j’avais choisi de placer ma confiance. Petit frigo, petite TV, petit four-grill, petits lits, j’ai eu un aperçu de ce que Blanche Neige avait éprouvé lorsqu’elle a débarqué chez les 7 Nains.
Amateur de barbecue, j’ai immédiatement demandé à la réception s’il était possible de nous en prêter un. Notre “ambassadeur“ (c’est le terme consacré par la société de location de vacances auprès de qui j’ai effectué le virement bancaire en contre-partie duquel, elle s’est engagée à me faire passer des “vacances inoubliables“), Pierre, un jeune homo à côté de qui le Michel Serrault de “la Cage aux Folles“ aurait pu passer pour un chauffeur routier homophobe, nous a répondu d’une voix nazillarde et navrée : “je suis désolé(e) mais nous n’en avons plus… Je suis vraiment désolé(e) vous savez mais si vous voulez, je peux vous faire un modelage corporel ?“. Après avoir gentiment décliné sa proposition, j’ai constaté que mes voisins qui n’avaient pas encore bravé les 9 heures de bouchons auquel le conducteur moyen estival a droit chaque été sur nos autoroutes, n’étaient pas encore arrivés. Or… il y avait un petit barbecue avec son sac de charbon qui me tendait sa grille et qui semblait m’appeler : “hè ! Je suis là moi ! Prends-moi ! Emmène-moi avec toi et je te promets que je te ferai griller tout ce que tu veux !“. Un rapide coup de tête à droite et à gauche pour surveiller les environs et je transfère le barbecue de la résidence R111 à la résidence R112 en espérant avoir plus de succès avec ce transfert que l’OM avec Gignac.
Mes enfants s’étonnent de découvrir un barbecue sur notre terrasse à leur retour de la piscine. “T’en as trouvé un finalement ?“ me demande ma fille d’une voix toute encore chargée de naïveté infantile. “Oui, oui… J’ai cherché et j’en ai trouvé un. Médite là-dessus ma fille : si on cherche, on finit toujours par trouver une solution à ses problèmes !“. “Mais comment t’as fait ? L’ambassadeur a dit que…“ Je la coupais brutalement en lui demandant où elle en était de son cahier de vacances ce qui eut pour effet de la faire disparaître dans la salle de bain à la vitesse d’un camion poubelle marseillais en fin de service.
Lorsque j’ai vu mes voisins, espagnols, débarquer dans leur duplex voisin du mien, j’ai eu (pas longtemps) mauvaise conscience mais la vie est une jungle et comme le dit le proverbe “you’ve got the barbecue, you’ve got power“. So be it.
Le lendemain, il y avait une soirée organisée pour accueillir tous les nouveaux arrivants avec un grand jeu intitulé “Quizz Cinéma“. Etant cinéphile de longue date, je décidais de m’y rendre avec ma progéniture afin de tester mes connaissances. Quelle erreur !
Assis au premier rang car arrivé très en avance, l’animatrice demanda au micro que 2 “capitaines“ se désignent. Un homme assis derrière moi posa une main solide qui manqua de me démettre la clavicule et gueula “on a notre capitaine !“. L’animatrice se jeta alors sur moi et demanda que je parle dans le micro afin de délivrer mon patronyme. Ce que je fis, contraint et forcé par une foule qui bourdonnait d’excitation. Des “allez Jean-François !“ fusaient de mon camp alors que le capitaine adverse ne s’était pas fait prier pour être mon compétiteur, levant le bras si haut qu’il aurait pu toucher l’aile d’un A320. Le jeu commença ou devrais-je dire… le combat. Il m’a donné du fil à retordre le bougre mais je menais après la première épreuve qui consistait à reconnaître des musiques de films. Comble du ridicule, il fallait se lever de sa chaise et courir jusqu’à l’animatrice pour lui taper dans la main avant de donner sa réponse…
Bref, je vous passe les détails, notamment l’épreuve terrifiante du “mime“ où j’ai dû mimer le film “Les Blues Brothers“ sautillant comme les frères Blues dans la fameuse scène du film où ils interprètent “Everybody needs somebody to love“. Personne n’a reconnu le titre malgré une fantastique interprétation de ma part ce qui finit de miner un moral déjà bien entamé. La preuve… en me rasseyant penaud sur ma chaise sous le regard noir de mon camp, je méditais cette phrase de Cioran “A quoi bon se suicider tout de suite ? J’ai sûrement quelqu’un à décevoir encore“.
J’ai gagné dans la dernière épreuve où il fallait reconnaître des dialogues de films, prenant une avance terrible qui terrassa mon adversaire. J’étais victorieux sous les yeux de mon fils qui brillaient d’admiration devant ce père dont la moitié d’une foule (mon camp) scandait le nom. Le lendemain, j’étais un autre homme dans le village et des “salut Jean-François !“ étaient prononcés avec sourire par les vacanciers admiratifs de mon parcours de la veille. J’étais un champion. Pour la première fois de ma vie…

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