Adieu 6619…

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En perdant mes papiers, j’ai aussi perdu mes cartes bleues. Trois au total (non pas que je sois quelqu’un de suffisamment riche pour avoir besoin de jongler entre différentes banques mais parce-que j’ai une carte bleue pro et 2 personnels). Pour ces 3 cartes, j’avais 2 codes : le 3333 et le 6619. Le 3333 était tout simplement fantastique pour ce qui est de sa mémorisation et le 6619 était un chiffre qui me suivait depuis des années. A chaque renouvellement de cartes, ma banquière (qui, elle, change régulièrement de nom et donc de visage) me disait que les codes restaient les mêmes. Ainsi j’avais fait du 6619 un code un peu passe partout grâce auquel vous pouviez avoir accès à mon téléphone portable, à mon compte SNCF, à ma messagerie Google etc. Le 6619 était comme un coffre inviolable qui me servait à cacher tous mes petits secrets.

J’ai la mémoire d’un poisson rouge et mes amis se moquent régulièrement de moi à ce sujet. Pour vous donner une idée de la capacité d’oblitération de mon cerveau, sachez qu’il m’est déjà arrivé d’aller voir 2 fois le même film au cinéma… Je m’installe, le film démarre et là… après quelques minutes, je m’interroge : “cette tête-là me dit quelque chose… dans quel film a-t-il joué déjà ? Ah ben, merde, il a déjà joué dans le film que je suis en train de regarder !“ Et je sors penaud et aigri d’avoir laissé 9 € à la caisse pour un film que j’avais déjà vu. Je suis néanmoins capable, quelques semaines plus tard, de le louer…

Changer de codes de carte bleue représente donc un drame pour moi : j’ai maintenant 3 codes différents à apprendre + 2 codes PIN pour mes portables auxquels j’accède avec mes anciens numéros de carte bleue… Et je ne vous parle pas des nouveaux codes qu’on m’a attribués. Fini le 3333… L’autre jour, à la caisse du Monoprix, j’étais incapable de me souvenir de mon code et après 2 essais infructueux, j’ai dû faire un chèque. La caissière me regardait d’un air suspicieux : un type avec 3 cartes bleues dans son portefeuille qui tape des codes au hasard… c’est louche. Ainsi, elle m’a demandé 2 pièces d’identité pour le chèque que je venais de tirer et j’ai dû lui expliquer que je n’en avais pas car je les avais perdus… Heureusement que je ne suis ni arabe, ni noir, ni gitan car sinon, je finissais au commissariat.
C’est fou comme on s’attache à de petites choses. Je les aimais ces codes de CB et ils faisaient partis de ma vie. C’est comme des voisins avec qui vous vous entendez à merveille : panne de sucre ou d’huile ? On va frapper à la porte pour en demander. Besoin de chaises car des amis s’invitent chez vous ? On demande aux voisins ! Les plantes vertes pendant les vacances ? Les voisins s’en chargent et on leur remet en toute confiance, un trousseau de clefs. Et puis un beau jour, ils déménagent et arrive alors un couple de retraités grincheux qui vient frapper à votre porte pour vous signifier que vous faites trop de bruit… Voilà le drame que je vis : il faut que j’apprivoise ces nouveaux codes, que je les fasses miens, qu’on apprenne à se connaître en faisant les courses ensemble.
Plus je dépenserai, plus je m’en souviendrai. Ma banquière ne sera pas contente mais elle n’avait qu’à me redonner mon 6619 !

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